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La forte hausse du prix des carburants risque de relancer l'inflation en Egypte

Le gouvernement égyptien a annoncé une hausse des prix à la pompe de l'essence (+43% pour l'indice d'octane super 92 et +55% pour l'octane 80) mais aussi du diesel (+55%), en raison d'une baisse des subventions publiques sur les carburants. Cette décision rendue publique le 29 juin s'inscrit dans la politique des réformes promises au FMI en échange d'un prêt de 12 milliards de dollars.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Station service au Caire. Le gouvernement a annoncé une forte hausse des prix de l'essence et du diésel. (KHALED DESOUKI / AFP)

La hausse des prix du carburant risque d'entraîner une augmentation des tarifs dans d'autres secteurs dans un pays qui connaît depuis novembre des taux d'inflation élevés. «L'inflation annuelle va augmenter dans les deux mois à venir, avec un taux variant entre 34% et 36%», pronostique déjà l'analyste Radwa El-Swaify, de la banque d'investissement Pharos, basée au Caire.


En mai, avant même la baisse des subventions aux carburants, elle s'est élevée à +30,9% en glissement annuel contre 32,9% un mois plus tôt. Avant la hausse du prix du carburant, cette inflation s'expliquait notamment par la dévaluation de la monnaie égyptienne qui avait baissé en novembre dernier d'environ 50% par rapport au dollar. 


Inflation record après la dévaluation
La forte hausse du carburant devrait impacter de nombreux produits...qui vont à leur tour s'envoler. «Les prix des fruits et légumes pourraient augmenter de 20% à 25% en raison de l'augmentation du coût du transport», met en garde  Omar El-Shenety, à la tête de la Banque d'investissement Multiples Group au Caire.

Le renchérissement du carburant devrait aussi se répercuter sur le prix des transports en commun qui pourrait croître de 10% à 15%, a par ailleurs annoncé le directeur du Bureau des statistiques Abou Bakr al-Gindi.


En moins d'un an, le gouvernement Sissi a imposé aux Egyptiens une hausse de la TVA, la dévaluation de la monnaie et maintenant la hausse des carburants. «Dans un pays où plus de 40% de la facture des importations concerne la nourriture
et les carburants, le taux de change est la clé qui explique la hausse ou la baisse de l'inflation», explique Amr Adly, expert en économie politique du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

Le calme règne dans l'Egypte du maréchal Sissi
Pour parer à la grogne sociale, le ministère des Finances a récemment annoncé une augmentation des dépenses destinées aux programmes de protection sociale des plus démunis, soit un budget total de 4,1 milliards de dollars. Mais pour Mme El-Swaify, ces mesures sont insuffisantes dans un pays où près d'un tiers de la population de 92 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté. «Le gouvernement a doublé ses dépenses sociales, mais les prix ont triplé», souligne-t-elle.

Pour l'instant, le gouvernement semble maîtriser toute contestation sociale et politique. Mais il est vrai qu'au pays du maréchal Sissi, afficher son mécontentement ou manifester peut conduire directement en prison.
 
 

 
 

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