La production d'oignons en Afrique doit se structurer face à la concurrence internationale
Au Sénégal, l'investissement dans une usine de transformation illustre les forces et les faiblesses d'une production qui en Afrique ne répond pas à la très forte demande.
L'annonce conjointe de la société financière internationale (IFC) et du Fonds d’investissement pour l’agriculture et le commerce en Afrique (AATIF) met en lumière une filière agricole qui fait rarement la une des journaux. Un investissement de 13 millions d'euros pour financer la construction d'une usine de déshydratation d'oignons au Sénégal.
Star mondiale
L'oignon est particulièrement consommé dans le monde, six kilos par personne. La Libye fait figure de champion du monde avec une consommation moyenne de 30 kg par individu. L'oignon n'est pas très capricieux et pousse un peu partout sur la planète. 54 millions de tonnes sont produites chaque année par près de 134 pays. En fait, on consomme souvent de l'oignon sans le savoir. 20% de la production sont transformés et entrent dans la composition des soupes, sauces et autres condiments.
Répondre à la demande
L'oignon est une des filières régionales les plus dynamiques d'Afrique de l'Ouest. Au Sénégal, en une dizaine d'années, sa production a été multipliée par dix et atteint désormais les 400 000 tonnes. Nigeria et Niger sont les deux leaders de la région avec 600 et 500 000 tonnes produites. Or, malgré ces tonnages importants, ces pays d'Afrique restent, à quelques exceptions près, de gros importateurs.
Ainsi le Nigeria, premier producteur d'Afrique de l'Ouest, doit, en dépit d'une récolte annuelle de 600 000 tonnes, en importer malgré tout. Le Sénégal, où les ménages en consomment chaque jour 800 tonnes, est lui aussi contraint d'importer. En 2017, le pays a absorbé le tiers des exportations d'oignons des Pays-Bas.
"Problème d'écoulement"
Car produire ne suffit pas. Les pertes sont souvent colossales et la conservation du produit un enjeu majeur. "Nous avons une production de qualité et des rendements énormes, mais nous avons un problème d’écoulement, c’est-à-dire que nous produisons, mais nous ne le vendons pas, la plupart nous le jetons", explique un producteur sénégalais sur le site internet Seneplus.
Il faut étaler l'offre sur une période plus longue, qui ne se limite pas à la saison de la récolte. La conservation du légume fait sa force. Mais pour ce faire, il doit être convenablement séché et stocké dans des lieux appropriés. Or, cela a un coût souvent dissuasif pour une filière encore mal organisée. Les revenus dégagés ne permettent pas de gros investissements. Il est payé 150 FCFA le kilo (0,22 euro) au bord du fleuve Sénégal.
Structurer la filière
Installer une usine de déshydratation prend alors tout son sens. Transformer le produit sur place permet d'écrêter les surplus. Ainsi, l'usine de Saint-Louis, déménagée de Dijon en France où elle a fermé en 2014, devrait produire 5 000 tonnes d'oignons déshydratés par an, dont une partie sera exportée en Europe. L'enjeu est aussi de mettre en place un réseau de producteurs afin d'alimenter l'usine. Cette dernière étant adossée à une exploitation de 760 hectares.
Ici aussi l'Afrique est confrontée à sa problématique. Faute de moyens pour développer la filière, elle livrera son marché à d'autres continents, comme c'est notamment le cas pour le lait.
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