La Russie, principal fournisseur d’armes des pays africains
Moscou a supplanté les Etats-Unis et la France sur le continent.
Sur la période 2014-2019, la Russie est devenue le principal pourvoyeur d’armes de l’Afrique, si l’on en croit les chiffres du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), un observatoire international reconnu du marché de l’armement. Elle fournit ainsi presque la moitié des équipements (49%) vendus aux pays du continent. L’Algérie et l’Egypte sont aujourd’hui les deux plus importants clients africains de l’industrie militaire russe.
Moscou vend presque deux fois plus d’armes aux Africains que leurs deux autres gros fournisseurs, Etats-Unis (14%) et Chine (13%). La France est le 4e plus important, avec 6,1% du marché. Il semble que Paris "n'ait pas forcément réussi à (...) tirer profit" de la concurrence entre pays fournisseurs, "en tout cas pas autant qu'elle le faisait auparavant", analyse une chercheuse du Sipri citée par RFI. Cela tient peut être aussi au fait que "le lien avec les anciennes colonies (est) en train de se desserrer", poursuit-elle. La preuve aussi que Moscou a repris pied sur un continent où l’URSS avait su s’implanter jusqu’à sa chute en 1991.
Algérie, Egypte et Angola : le trio de tête
On ne trouve apparemment pas de données précises sur le montant des exportations d’armes russes vers l'Afrique. Dans une interview citée par le site defenseworld, le ministre adjoint de la Défense du Kremlin Alexander Fomin a simplement reconnu que "le volume des exportations de matériels militaires s'élevait à plus de 15,2 milliards de dollars américains" (13,58 milliards d’euros). Comprendre : "volume global". Des exportations que Moscou entend continuer à développer. En 2019, au premier sommet russo-africain de Sotchi, l’armement était "au centre de toutes les attentions", rapporte la Deutsche Welle.
L’Algérie est, et de loin, le plus gros débouché de l’industrie militaire russe en Afrique. Alger achète du "lourd". Notamment des avions, chasseurs, appareils de transport, mais aussi des hélicoptères et des sous-marins. Ainsi que des "systèmes de défense antiaérienne et antimissile sophistiqués, des chars", comme le rapportait franceinfo Afrique en 2018. Selon le Sipri, le pays achète plus que tous les autres Etats africains réunis !
Second client de Moscou, qui a profité des tensions entre Le Caire et Washington : l’Egypte. En 2019, celle-ci a notamment signé un accord pour la fourniture de plus de 20 avions chasseurs SU-35. Montant : 2 milliards de dollars (1,78 milliard d’euros). Troisième gros client : l’Angola. Suivi et de très loin par le Nigeria, le Rwanda, le Mali, le Soudan… Et la Russie n’arrête pas de conquérir des parts de marché sur le continent. Au début des années 2000, 16 pays africains (sur 54) achetaient des armes à la Russie, constate la Deutsche Welle. Ils sont aujourd’hui 21.
Méthodes commerciales efficaces
Avec l’Algérie, l’Egypte et l’Angola, le Kremlin a en fait retrouvé d’anciens partenaires du temps de l’URSS. Pour autant, il a su s’y prendre pour reconquérir ses anciens marchés. "Invité à Alger en mars 2006, Poutine décide d’effacer la dette militaire algérienne, d’un montant de 4,7 milliards de dollars, mais en contrepartie de l’engagement de son hôte à acquérir 7,5 milliards de dollars d’armement russe", signale Le Monde. Même méthode avec l’Angola. En 1996, les Russes ont effacé 70% de la dette de Luanda à leur égard, d’un montant de 4,5 milliards d’euros, remontant à l’époque soviétique. A cette époque, cet argent avait déjà été prêté pour acheter… du matériel militaire.
Les armes russes sont bonnes et leur qualité est universellement reconnue. Elles sont aussi moins chères. Il n’y a pas de raison pour que les pays africains ne veulent pas en acheter
L'universitaire russe Irina Filatovacitée par le site de la Deutsche Welle
De leur côté, les équipements américains ou européens sont réputés trop onéreux pour nombre de pays africains. De plus, les méthodes commerciales des Russes sont apparemment efficaces. Les négociations avec eux ont la réputation d'aboutir rapidement, ils ne posent pas de questions gênantes. Ils savent offrir des conditions financières intéressantes et se montrent moins sourcilleux sur la question des droits de l’Homme que certains pays occidentaux...
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