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Niger : une réserve naturelle menacée par un projet pétrolier

Sept ans après avoir créé la Réserve naturelle nationale de Termit et Tin Toumma (RNNTT) dans l’est du Niger, Niamey vient en partie de faire marche arrière en autorisant un projet chinois d’exploitation pétrolière.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Antilopes Addax dans le désert de Tin Toumma. Une espèce menacée d'extinction, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (photo prise le 6 mais 2016 à 370 km au nord de la ville de Diffa, dans l'est du Niger) (THOMAS RABEIL / AFP)

Le 6 mars 2012, le massif du Termit et le désert de Tim Toumma, situés dans le Sahara nigerien, avaient été classés réserve naturelle, au nom de la préservation de la biodiversité de la région. Le gouvernement nigérian revient donc partiellement sur sa décision.

Selon les experts, on y répertorie plus de 130 espèces d'oiseaux, des dizaines de reptiles et plus d'une quinzaine d'espèces de mammifères dont l'addax (Addax nasomaculatus), une antilope classée en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La réserve est l'habitat principal de l'antilope addax.

Avec une superficie de près de 100 000 kilomètres carrés, soit trois fois la Belgique, la zone avait décroché le titre de plus grande réserve naturelle d'Afrique.

Mais coup de tonnerre chez les écologistes. Le 26 juin 2019, les autorités nigériennes ont décidé de modifier les frontières de la réserve et de lui retirer 45 000 kilomètres carrés. En cause : un projet d’exploration pétrolière développé par l'une des plus grandes compagnies d'exploration pétrolière au monde, la China National Petroleum Corporation (CNPC). Celle-ci détient déjà des droits d'exploration dans la région où elle exploite 21 puits ainsi qu'un oléoduc relié à la seule raffinerie du pays, située à Zinder.

Une antilope menacée d'extinction

Dans les zones déjà exploitées, des observateurs ont fait état de bétail empoisonné près de fuites de l'oléoduc, d'oiseaux morts dans des mares contaminées, de déchets abandonnés dans le désert ou encore d'arbres abattus. Si l'exploitation pétrolière s'intensifie dans la RNNTT, les conséquences pourraient en faire de même, y compris pour l'addax dont il reste moins de cent spécimens à l'état sauvage.

"La réserve est unique dans la région du Sahara-Sahel", a confirmé John Newby, spécialiste qui œuvre pour l'ONG Sahara Conservation Fund. 

L’exploitation pétrolière représente ainsi une source de revenus non négligeable pour le pays, parmi les plus pauvres du monde. Toutefois, cette activité extractive n'est pas totalement incompatible avec la protection de l'environnement, affirme l'ONG française Noé en charge de la réserve. Celle-ci appelle le gouvernement à revoir sa décision et à organiser une concertation pour "établir un cadre de collaboration bénéfique à la fois au Niger, aux populations locales, à la compagnie chinoise CNPC et à la biodiversité".

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