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Zimbabwe : des cas d'enlèvements et de tortures rapportés par les observateurs de l'ONU

Trois militantes d'opposition, membres du Mouvement pour un Changement Démocratique (MDC), torturées par des policiers il y a un mois, ont de nouveau été arrêtées le 10 juin dernier.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Deux membres du parti d'opposition du Zimbabwe MDC (Mouvement pour un changement démocratique) sont assis à l'arrière d'un camion de police, quelques instants après leur arrestation devant le siège du parti à Harare, le 5 juin 2020. (Jekesai NJIKIZANA / AFP)

Dans un Zimbabwe au bord du gouffre en raison de l’appauvrissement général de la population et de l’épidémie de Covid-19, le parti du président Emmerson Mnangagwa intimide l’opposition et crie au complot. Des experts de l'ONU ont dénoncé le 10 juin 2020 les "enlèvements et la torture" de militants de l'opposition arrêtés dans le pays et demandé l'abandon des poursuites à leur encontre. Ces experts indépendants rapportent l'arrestation le 13 mai 2020 à Harare lors d'une manifestation de trois jeunes militantes zimbabwéennes du Mouvement pour un changement démocratique (MDC). Elles ont été retrouvées deux jours plus tard grièvement blessées en bordure d'une route des faubourgs de la capitale. Elles accusent la police de les avoir torturées.

Répression, tortures et intimidations 

Joana Mamombe, Cecilia Marova et Netsai Chimbiri ont été hospitalisées avec diverses blessures :  à la tête pour Joana Mamombe, fractures osseuses pour Netsai Chimbiri et un anus déchiré pour Cecilia Marova, selon leurs examens médicaux.

Nous demandons que leurs auteurs répondent de ce qu'ils ont fait à ces femmes. Elles ont juste protesté contre la faim et voilà ce qu'elles ont subi

Fadzayi Mahere porte-parole du MDC (opposition)

à l'AFP

Dans un communiqué, les experts de l'ONU "appellent le Zimbabwe à cesser immédiatement un cycle apparent de disparitions et de tortures qui semble destiné à museler les manifestations et la dissidence". Selon eux, les jeunes femmes ont également été "agressées sexuellement". Fin mai, elles avaient été inculpées d'incitation à "la violence sur la voie publique" pour avoir manifesté contre la pauvreté qui s’aggrave encore dans le pays. Elles viennent de nouveau d’être arrêtées le 10 juin 2020 alors qu’elles allaient consulter un avocat.

Les rapporteurs onusiens demandent au Zimbabwe de "poursuivre et punir urgemment les auteurs de ce crime odieux". Selon eux, pour la seule année 2019, 49 cas d'enlèvement et de torture ont été rapportés dans le pays de 15 millions d'habitants.

Ces actes terribles sont ceux d’un régime aux abois, qui n’arrive pas à redresser une économie ruinée par l’hyperinflation, le chômage qui touche 90% de la population et est encore aggravé par l’épidémie de Covid-19. L’opposition accuse d’ailleurs le gouvernement d'utiliser le confinement lié au coronavirus pour éroder les droits politiques.

Crise de complotisme aiguë

Semblant désemparé face à la gravité de la crise sociale et économique, le président Emmerson Mnangagwa a déclaré le 10 juin 2020 que la monnaie du Zimbabwe était attaquée par des entreprises qui augmentaient constamment les prix et cela faisait partie d'un complot politique plus large contre son gouvernement. Acculé, le parti au pouvoir crie au complot. Lors d'une conférence de presse le même jour, le Conseil national de sécurité du Zimbabwe (NSC, le mouvement du président) a accusé les alliés de l'ancien ancien dirigeant Robert Mugabe et de certains responsables de l'opposition (MDC) d'avoir colporté des rumeurs d'un coup d'Etat militaire imminent.

La gravité de la crise économique au Zimbabwe depuis plus de dix ans et la colère grandissante de la population ont suscité l'inquiétude des militaires. Ils avaient mis fin au règne de Mugabe après plus de trois décennies en novembre 2017 et pourraient intervenir à nouveau.

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