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La crise en Egypte expliquée en cinq questions

La présidence a décrété l'état d'urgence pour un mois, après le bain de sang survenu au Caire mercredi.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un manifestant pro-Morsi durant les affrontements meurtriers avec la police au Caire (Egypte), le 14 août 2013. (MOSAAB EL-SHAMY / REUTERS)

L'Egypte s'approche un peu plus de la guerre civile. Un peu plus d'un mois après la destitution du président Mohamed Morsi, l'armée a tenté de disperser ses partisans réunis au Caire, mercredi 14 août. Une opération qui a tourné au bain de sang, et qui laisse présager le pire pour l'avenir du pays. Si vous étiez en vacances ces derniers jours, ou si vous n'avez pas suivi de près ce sujet, francetv info vous résume la situation en cinq questions clés. 

1Pourquoi le président Morsi a-t-il été destitué ?

Un an après son élection en juin 2012, le président égyptien Mohamed Morsi a été destitué par l'armée, le 3 juillet, sous la pression du peuple.

Sur la forme, les Egyptiens ont notamment reproché au chef de l'Etat islamiste et aux Frères musulmans de s'être accaparé tous les pouvoirs. Mais sur le fond, ils ont surtout protesté contre l'incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes économiques et sociaux que connaît l'Egypte, et à endiguer l'insécurité croissante dans le pays.

2Qui a pris le pouvoir à sa place ?

Après avoir destitué Mohamed Morsi, l'armée a propulsé le juge Adly Mansour au poste de président par intérim. Très peu connu du grand public, il présidait jusqu'alors la Haute cour constitutionnelle. Adly Mansour s'est chargé de nommer un gouvernement provisoire, composé de trente-cinq personnalités d'horizons divers, mais dont aucune n'est affiliée à un parti islamiste.

3Comment ont réagi les partisans de Morsi ?

Furieux de la destitution de Mohamed Morsi par l'armée et de son placement en détention, les Frères musulmans ont crié au coup d'Etat et refusé de reconnaître le gouvernement provisoire formé par Adly Mansour. D'autant que de nombreux membres de la confrérie ont été arrêtés par l'armée.

Depuis, de nombreux affrontements ont eu lieu au Caire et dans d'autres grandes villes d'Egypte, opposant pro et anti-Morsi et faisant plus de 250 morts en un mois.  

4Pourquoi y a-t-il eu un bain de sang mercredi ?

Après plusieurs tentatives de médiation, qui ont toutes échoué, l'armée a menacé d'évacuer de force les partisans de Mohamed Morsi et des Frères musulmans, rassemblés sur les places Rabaa Al-Adawiya et Nahda, au Caire. Malgré cet avertissement, les islamistes ont multiplié ces derniers jours les appels à défiler à travers l'Egypte. Ils souhaitent maintenir la pression sur les nouvelles autorités et exigent le retour au pouvoir de Mohamed Morsi, leur seule condition pour lever le camp. 

Les autorités égyptiennes ont alors mis leur menace à exécution. Mercredi 14 août, l'armée a décidé de procéder à l'évacuation des deux places où s'étaient installés des dizaines de milliers de manifestants, avec femmes et enfants. Une opération qui s'est terminée dans un bain de sang, puisqu'au moins 149 personnes sont mortes, selon le ministère de la Santé. 

5Comment l'Egypte peut-elle sortir de la crise ?

C'est désormais la question que tout le monde se pose, mais à laquelle il est pour l'instant impossible de répondre. Après le bain de sang de mercredi, la présidence égyptienne a décrété l'état d'urgence pour un mois et imposé un couvre-feu au Caire et dans dix provinces.

Devant l'intervention sanglante des forces de l'ordre, le vice-président et prix Nobel de la paix, Mohamed El-Baradei, a  présenté sa démission au président par intérim. "Il m'est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je ne suis pas d'accord", écrit-il dans sa lettre à Adly Mansour. 

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