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Le difficile sort des réfugiés syriens en Egypte

Plus de 1.500 personnes ayant fui les violences en Syrie ont été emprisonnées des semaines, voire des mois en Egypte, dont 250 enfants détenus avec leurs parents, avant d'être pour la plupart expulsées.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Combattant dans les ruines du camp palestinien de Yarmouk, au sud de Damas. (ANWAR AMRO / AFP)

Ces accusations, gênantes pour les militaires au pouvoir au Caire, ont été formulées par l’ONG Human Rights Watch. Environ 300 personnes restent détenues «arbitrairement» dans des postes de police «surpeuplés», dont 211 Palestiniens venus de Syrie, a précisé dans un communiqué, publié le 11 novembre, l'organisation de défense des droits de l'Homme.

«Les quelque 1.500 réfugiés en provenance de Syrie qui ont été détenus avaient essayé de migrer vers l'Europe sur des bateaux, car ils vivaient dans des conditions économiques désespérées et devaient affronter une  montée de la xénophobie en Egypte. Les forces de sécurité continuent de procéder à des arrestations, selon le Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés», précise HRW.
 
La situation des réfugiés syriens, notamment pour ceux qui n'ont pas réussi à être intégrés, à partir pour l'Europe ou qui ne se sont pas noyés, semble s’être dégradée depuis la chute du gouvernement Morsi et la prise du pouvoir par les militaires. Les Syriens et les Palestiniens sont devenus des cibles des autorités mises en place par l'armée.
 
HRW note que les «réfugiés palestiniens de Syrie sont particulièrement vulnérables parce que la politique égyptienne  les empêche de chercher protection auprès du HCR. Les autorités égyptiennes affirment aux Palestiniens que leur seule alternative à la détention indéfinie est d'aller au Liban, où ils ne sont autorisés à entrer légalement qu’avec un visa de transit de 48 heures, ou pour rentrer en Syrie, déchirée par la guerre».

Le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Syrie, celui de Yarmouk, est le théatre de combats depuis plus d’un an. Et le statut compliqué des réfugiés palestiniens rend leurs déplacements difficiles, certains pays refusant de les accueillir. L’Autorité palestinienne a tenté d’intervenir auprès des autorités égyptiennes, mais en vain pour l’instant. HRW cite de nombreux témoignages de Palestiniens indiquant qu’ils resteront détenus tant qu’ils ne quitteront pas l’Egypte.

«Avant le renversement du président Mohamed Morsi le 3 juillet, l'Egypte était une terre d'accueil pour les Syriens. Ils étaient environ 300 000 à s'y être installés, ouvrant des restaurants, fréquentant les écoles et les universités du pays. Mais, depuis le retour des militaires au pouvoir, tout a changé. Accusés d'être du côté des pro-Morsi par certains médias, les Syriens sont devenus la cible d'attaques xénophobes », notait Marion Guénard, envoyé spéciale du Monde daté du 9 septembre.

Le gouvernement intérimaire accuse en particulier le Hamas palestinien et une partie des rebelles syriens de soutenir les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi qui avait largement remporté les législatives organisées fin 2011.  Les autorités égyptiennes ont établi des restrictions pour l'entrée des  Syriens et des Palestiniens immédiatement après la destitution de M. Morsi le 3 juillet.

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