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Girafes rares en danger : le Niger les déplace de 600 km pour les protéger

Des girafes d'une espèce rare vont être déplacées de 600 km, de la région de Kouré, dans le sud-ouest du Niger, où elles sont une attraction touristique, vers la réserve de Gadabédji. Elles sont menacées par la destruction progressive de leur habitat, engendrée par l'avancée du désert et la conquête de nouvelles terres agricoles, mais aussi par la multiplication des accidents de la route.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Cette photo prise le 14 août 2010 à Kouré, près de Niamey, montre des girafes se promenant dans la brousse.  (BOUREIMA HAMA / AFP)

«C'est pour mieux protéger cette espèce. Dans un premier temps dix girafes  sept femelles et trois mâles  sont concernées par cette translocation vers Gadabédji», une immense réserve faunique située dans la région de Maradi (centre-sud), a indiqué Almoustapha Garba, ministre de l'Environnement, lors d'un point de presse.
 
Il y a une vingtaine d'années, un petit troupeau de girafes peralta, une espèce qui a disparu du reste de la planète, fuyant braconniers et prédateurs, avait trouvé un havre de paix dans la brousse de Kouré, une zone au sud de Niamey.

Sous la protection des populations et des ONG, ces grands mammifères, qui attiraient de nombreux touristes, se sont multipliés dans ce sanctuaire d'arbustes et de sols caillouteux. De 50 en 1996, les effectifs des girafes étaient estimés à 612 en 2017, d'après les chiffres du ministère de l'Environnement.

Les girafes de Kouré sont connues pour être les dernières girafes d'Afrique de l'Ouest après la sécheresse des années 70. Photo prise en 2016.
 (Thierry Bresillon / Godong / Leemage)

«C’est vers les années 1984 que ces girafes venues du Mali ont trouvé refuge dans la zone de Kouré où les conditions étaient réunies, notamment la tranquillité et les ressources alimentaires», explique le Colonel Samaila Sahailou, directeur national de la Faune, de la chasse, des parcs et des réserves, à Niger Inter.

La délocalisation d'une partie des girafes vivant à Kouré est nécessaire du fait de la destruction progressive de leur habitat, engendrée par l'avancée galopante du désert et la conquête de nouvelles terres agricoles, mais aussi par la multiplication des accidents de la route. Les animaux traversaient régulièrement les axes de la région pour le plus grand plaisir des touristes mais au grand dam de camions ou bus commerciaux. 

Photo de girafes se promenant dans la brousse à Kouré, le 14 août 2010  (BOUREIMA HAMA / AFP)

Cette perte de l'habitat pousse les girafes à parcourir des centaines de kilomètres au-delà de leur zone habituelle, a indiqué à l'AFP Omer Dovi de l'Association de Sauvegarde des Girafes du Niger (ASGN). «Certaines girafes se sont aventurées jusqu'à la frontière du Mali où elles ont été abattues par des braconniers.»

Située aux portes du désert du Sahara, la réserve de Gadabédji abritait des girafes avant qu'elles n'en soient chassées par les braconniers et les sécheresses des années 70, selon les services nigériens de l'Environnement.
 
«Des spécialistes vont évaluer» les nouvelles conditions de vie des girafes dans leur zone d'adoption, a assuré le ministre qui a précisé que d'autres girafes les rejoindraient si l'expérience se déroulait bien. Les girafes seront équipées de puces de détection une fois lâchées à Gadabédji.

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