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Pas de sanctuaire en Atlantique pour les baleines africaines

Voilà près de 20 ans que des pays riverains de l’Atlantique Sud tentent de faire reconnaître un nouveau sanctuaire pour les baleines dans cet océan. Mais une nouvelle fois, la Commission baleinière internationale a refusé cette création. «Les pays chasseurs» conservent leur influence au grand dam des organisations de défense de l’environnement.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (MIKE KOROSTELEV / BIOSPHOTO)

Un lieu de paix et de protection pour les mammifères marins. Ici pas de chasse, voire parfois pas d’activité humaine. Le sanctuaire est la réponse la plus efficace à la disparition des baleines dans les mers du monde. Le premier a été créé en 1994 dans l’océan Antarctique pour toute la zone au sud du 40e parallèle, les fameux quarantièmes rugissants. Les baleines sont entre 5000 et 10.000, alors qu’avant la chasse industrielle, elles ont été plus de 250.000. Un sanctuaire où, malgré tout, chasse encore le Japon.
 
Il existe un autre sanctuaire dans l’océan Indien qui remonte au nord du 40e parallèle. L’idée est d’en faire de même dans l’Atlantique Sud. «Les pays de la région veulent créer, et ont tous les droits de créer, un refuge pour les baleines constamment menacées par la chasse commerciale, d'étranglement par les filets de pêche et de blessures par les collisions avec les bateaux», explique à l’AFP Grettel Delgadillo de l’ONG américaine Humane Society International (HSI).

20 millions de kilomètres carrés 
La proposition, défendue par des pays dépendant du tourisme d'observation des baleines, vise à créer un sanctuaire de 20 millions de kilomètres carrés dans l'Atlantique Sud, qui abrite une cinquantaine d'espèces de cétacés.

Depuis 2001, à chaque réunion de la Commission baleinière internationale, la proposition est présentée par le Brésil, soutenu par l’Argentine, l’Uruguay et deux pays africains, le Gabon et l’Afrique du Sud. Mais à chaque fois également, les «pays chasseurs» s’y opposent et jouent de leur influence. Le Japon peut compter sur la Russie, l’Islande et la Norvège et de 21 autres pays qui ont voté contre la proposition.

Le système majoritaire de la commission a fait le reste. Pour être adopté, le texte doit avoir le soutien des trois-quarts des 89 Etats membres. 66 voix pour. La proposition n’a recueilli que 39 suffrages. Il faut dire qu’un bon nombre des 18 pays africains membres n’a pas de droit de vote, faute de cotisation à jour.
 
Déception
Dans les rangs des protecteurs de l’environnement, l’échec est cruel. «Un sanctuaire dans la région aurait fourni une protection conséquente à toute une série d'espèces de dauphins et de baleines», a fait valoir Patrick Ramage, chargé des cétacés au Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Le Japon reste la bête noire. Selon Tokyo, les stocks de certaines espèces se sont suffisamment reconstitués pour qu'elles puissent être à nouveau chassées, et exclure toutes les baleines de la chasse ne se justifie pas d'un point de vue environnemental.
 
Alors le statu quo perdure, sans doute pour longtemps encore.

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