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L'Ethiopie peine à développer et exporter sa production de miel blanc
L’Ethiopie est le premier producteur de miel d'Afrique avec 50.000 tonnes chaque année, ce qui représente environ un quart du volume produit sur tout le continent. Mais encore sous-exploitée, l’apiculture reste une activité secondaire dans un pays où les ruches servent surtout à polliniser les plantations agricoles auxquelles se consacrent avant tout les paysans.
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L'Ethiopie est l'un des principaux producteurs mondiaux de miel. Avec ses variétés blanche, rouge ou jaune, son exploitation a changé la vie de milliers de paysans et les a sorti de la pauvreté qui touche 30% de la population. L'un d'eux, Amel, s'est lancé dans l'exploitation de ruches à Saena, un village du Tigré. C'est dans cette région rocailleuse située au nord du pays et perchée à 2000 mètres d'altitude que pousse la fleur jaune Adey Abeba, ingrédient indispensable au miel blanc qui représente 90% de la production éthiopienne.
Ces fleurs sauvages sont butinées par les abeilles après la saison des pluies. Le miel est ensuite récolté de septembre à décembre avec un meilleur rendement que la seconde récolte qui a lieu seulement dans les années particulièrement pluvieuses, de mai à juin.
La production stagne depuis 10 ans
Alors que l'Union européenne a donné, dès 2008, son feu vert à l'ouverture des marchés européens au miel éthiopien, la production stagne depuis près d'une décennie. L'Ethiopie n'exporte que 800 tonnes de miel par an sur 50.000 tonnes produites. Ce qui incite le gouvernement régional du Tigré à vouloir améliorer les techniques apicoles pour doper la production et développer les exportations, indique Tesfamariam Assefa, un responsable au bureau agricole régional.
Les périodes de sécheresse ralentissent le rendement, la pénurie de miel ayant déjà fait monter les prix jusqu'à 450 birrs (18 euros) le kilo à l'extérieur des frontières. Des tarifs qui ne peuvent que décourager les acheteurs potentiels sur les marchés asiatique ou européen, reconnaissent les négociants éthiopiens.
Le miel blanc est servi traditionnellement comme une couche de glace sur du pain cuit à la vapeur, à l'occasion de fêtes. Mais la plus grande partie de la production du miel éthiopien est destinée à la fabriquation du tedj. Autrefois réservée à la noblesse et servie dans des cornes de zébu, cette boisson festive comparable à notre champagne s'est démocratisée. Ce qui limite les quantités de miel exportées.
Encourager les agriculteurs en les formant
La production éthiopienne pourrait être dix fois supérieure, estiment les spécialistes du secteur qui soulignent le manque de «formation et de soutien financier et matériel» pour encourager les agriculteurs à se lancer à plein temps dans une acitivité apicole. Amel reconnaît, depuis qu'il a modernisé ses ruches, avoir la chance de se rendre régulièrement en Italie pour y présenter sa production. Et les marchands du Tigré disent constater un intérêt croissant des acheteurs étrangers (et éthiopiens) pour leur miel. «Si on enseignait aux agriculteurs les méthodes modernes que j'utilise là, ça transformerait la production», assure-t-il.
Le gouvernement fera-t-il de l'apiculture l'un des pilliers de sa stratégie économique future? Dans un pays de 95 millions d'habitants, qui a vu sa population doubler en 20 ans, l'agriculture est sa principale ressource économique avec une croissance qui a atteint 10% en 2015. L'agence onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime à 85% les Ethiopiens employés dans une activité agricole tournée principalement vers le café, les céréales et les légumes.
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