Dans la région congolaise du Kasaï, "les gens ont fui, ont été massacrés et aujourd‘hui ils ont faim"
Victime des combats entre les opposants au régime et le pouvoir central, la population congolaise du Kasaï souffre aujourd’hui de malnutrition aiguë. La reporter pour France Inter Mathilde Dehimi s’est rendue sur place. Elle raconte.
Au Kasaï, province de la République Démocratique du Congo, la population meurt de faim. Selon l’UNICEF, plus de 750 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë, dont 400 000 de moins de cinq ans de malnutrition aiguë sévère. Mathilde Dehimi, reporter pour France Inter, s’est rendue dans cette région du deuxième pays le plus grand d’Afrique et a constaté l’urgence de la situation.
C’est une terre qui a toujours été relativement isolée, pauvre, sous-développée volontairement par le pouvoir
Mathilde Dehimi
Pour la journaliste, "ce n’est pas un hasard si le Kasaï est aujourd’hui est en situation de pré-famine." Selon elle, cela s’explique par le fait que "c’est une terre qui a toujours été relativement isolée, pauvre, sous-développée volontairement par le pouvoir parce que c’est une terre historique d’opposants au régime. Donc les gens étaient déjà pauvres avant. Aujourd’hui, ils se retrouvent avec de nouveaux opposants, les miliciens de Kamwina Nsapu qui sont contre le pouvoir central. Il y a eu énormément de combats, les gens ont fui, ont été massacrés et aujourd‘hui ils ont faim."
Non seulement il y a un "terrain qui n’est pas favorable" à une amélioration de la situation car "toutes les infrastructures datent de l’époque coloniale belge", mais, en plus, "les gens souffrent juste pour trouver leur nourriture quotidienne. Ils n’ont pas assez de manioc, de maïs et surtout ils n’ont pas de semences, ils ont perdu la récolte et n’ont pas de quoi replanter." déplore la reporter.
Par ailleurs, outre cette situation de malnutrition alarmante, Mathilde a remarqué que "ce sont des gens qui ont aussi des problèmes de maladies, de malaria, fièvre typhoïde parce qu’ils ont fui en brousse dans des conditions déplorables." D’après l’UNICEF, environ 220 centres de santé ont été détruits, pillés ou endommagés.
Une sortie de la crise impossible ?
Pour sortir de la crise du Kasaï, Mathilde Dehimi préconise deux choses. "La première, estime-t-elle, c’est qu’il faut que les élections prévues à la fin de l’année se passent bien." Or, "pour l’instant, ça a tendance à plutôt mal se passer. constate-t-elle. Il y a des manifestations à Kinshasa mais il n’y en a pas eu au Kasaï parce que la situation est trop instable."
La deuxième chose pour régler cette "situation d’urgence", c’est qu’il faut de l’argent : "Et cet argent, à mon avis, ne viendra pas du pouvoir central, ni de l’intérieur du Congo, mais il viendra de l’aide internationale. Et aujourd’hui, très clairement, il n’y a pas assez d’argent pour les aider."
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