Côte d’Ivoire : en 2017, la forêt a perdu l’équivalent de 15 000 terrains de foot au profit du cacao
Les grands chocolatiers mondiaux l’avaient promis: Ils mettraient fin à la déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana. C’était en novembre 2017. Un an après, l’ONG Mighty Earth est allée voir la réalité de leur engagement sur le terrain. Une armée de drones, des hommes au sol, et même l’usage de photos satellite ont permis de dresser le constat que rien n’a vraiment changé.
Selon l’ONG, il y a, au Ghana et en Côte d’Ivoire, de nouveaux secteurs de déforestation massive, dont la responsabilité relève des Etats aussi bien que des grandes compagnies. La déforestation a atteint en 2017 près de 14 000 hectares dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, l’équivalent de 15 000 terrains de football. Depuis son indépendance en 1960, le pays a perdu près de 90% de sa forêt, faisant disparaître du même coup les espèces animales qui l’accompagnent comme les éléphants ou les chimpanzés.
La production de certains négociants, qui atteindrait 40 % des fèves produites en Côte d’Ivoire, viendrait de parc nationaux ou de zones naturelles protégées. Or éliminer le cacao illégal est justement l’engagement qu’ont pris les gouvernements ghanéen et ivoirien. Aucune nouvelle terre ne sera convertie pour la culture du cacao, ont aussi affirmé les deux pays.
La culture en zone interdite est un secret de Polichinelle, selon les ONG. Car les planteurs se regroupent au sein de villages, tout à fait repérables par les autorités si l'on s’en donne la peine.
"Les zones protégées sont parfois devenues de véritables villes. Certaines comptent des dizaines de milliers d’habitants, des écoles, des dispensaires publics, des mosquées, des magasins et quelquefois des antennes-relais, au vu et au su des autorités gouvernementales" explique Mighty Earth.
Le leader du négoce, Cargill, s’est engagé à éliminer d’ici 2020 tout recours à des terres défrichées dans son approvisionnement en cacao. A cette date, 100 % des fèves ivoiriennes, selon l’industriel, seront traçables «de la ferme à l’usine», ce qui est déjà le cas pour le Ghana.
La déforestation n’est pas le seul défaut de cette monoculture du cacaoyer. La culture se fait avec force pesticides, en "plein soleil", c’est-à-dire sans couvert forestier, pour éviter la croissance d’espèces indésirables. Si bien que les parcelles cultivées deviennent des déserts de biodiversité, des zones sans nourriture pour les oiseaux, les chauves-souris, les abeilles et toutes les espèces vivantes.
Aussi, les signataires de la charte sur la déforestation s’engagent également à produire "plus de cacao sur moins de terres". Une formule pour rappeler les axes de développement: matériel végétal de meilleur rendement, bonnes pratiques agricoles, organisations professionnelles. De bien belles résolutions qui pour l’heure ont du mal à se voir sur le terrain.
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