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La lutte contre la pêche illégale progresse en Afrique de l’Ouest
A l'automne 2016, 31 Etats africains ont adopté à Lomé (Togo) une charte pour lutter contre la piraterie et la pêche illégale. Elle prévoit une coopération entre Etats et le financement d’un fonds spécial de lutte. L’illustration d’une prise de conscience, partagée par les pays africains, de la nécessité de protéger la ressource.
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Chinois, Coréens, Européens pillent sans vergogne les ressources halieutiques d’Afrique de l’Ouest. Des chalutiers géants pêchent en toute illégalité dans la zone économique des pays du golfe de Guinée et de la côte occidentale africaine. On estime que le manque à gagner s’élève à 300 millions de dollars annuels pour le seul Sénégal.
Le Sénégal a été d’ailleurs le premier pays à prendre le taureau par les cornes. Le 4 janvier 2014, un chalutier russe était arraisonné en flagrant délit de pêche illégale. Le Oleg Naydenov a dû payer une amende d’un million de dollars afin de pouvoir reprendre la mer.
Dans la foulée, le Sénégal a accordé des quotas de pêche à l’Union européenne. 14.000 tonnes de thon pendant cinq ans pour 38 navires espagnols et français. La Mauritanie a également renouvelé ses accords avec l’Union pour quatre années. 100 bateaux européens pourront pêcher dans les eaux mauritaniennes pour un total d’environ 280.000 tonnes par an. Les bateaux qui y auront accès viennent d’une douzaine de pays de l'UE.
Des navires chinois arraisonnés
15 millions d’euros de compensation pour le Sénégal, 60 millions pour la Mauritanie, c’est désormais la Guinée qui est soutenue par l’Union européenne et la Banque mondiale. L’effort de lutte contre la pêche illicite est apprécié par Bruxelles, qui vient de retirer la Guinée des pays non coopérants.
Ainsi en septembre 2016, deux chalutiers industriels chinois ont été arraisonnés. Ils ont du payer trois millions d’euros d’amende. Une vaste opération a été menée dans les eaux gambiennes, sénégalaises et des deux Guinée, avec le soutien de l’Union. 80 bateaux ont été contrôlés et 14 d’entre eux sanctionnés.
Désormais, le poisson pêché en Guinée va enfin retrouver le chemin de l’Europe où il était interdit depuis 2013. C’était un sérieux manque à gagner, d’autant que certains poissons ne se vendent qu’en Europe.
La charte de Lomé : une coquille vide ?
«Son contenu énonce davantage des grands principes que des mesures concrètes.» critique le journal spécialisé Le Marin. Il est vrai que l’accord doit être encore ratifié par 15 Etats et que les décisions prises lors du précédent sommet (il y a trois ans) ne sont pas toutes appliquées.
Des poids lourds comme le Cameroun ou le Sénégal, en ce qui concerne l’océan Atlantique, n’ont du reste pas signé le document. Parmi les absents, il y a également l’Algérie, l’Egypte, l’Afrique du Sud ou le Mozambique. Une façon, selon les observateurs, de faire part de leur mécontentement face à la lenteur de l'application des accords.
Cela dit, on voit bien que la coordination entre Etats porte ses fruits. Ainsi le chalutier chinois a été arraisonné dans les eaux de la Guinée grâce à l’intervention d’un patrouilleur de haute mer… sénégalais.
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