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Katharina Kummer Peiry sur la gestion des déchets électroniques en Afrique

Katharina Kummer Peiry est responsable du Centre international de technologie environnementale, dépendant du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Selon une étude réalisée pour cet organisme, l’Afrique pourrait produire, dans quelques années, une montagne de déchets électriques et électroniques. Explication.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Katharina Kummer Peiry (DR)

Si l’on en croit l’étude de votre organisme, intitulée «Where are WEEE in Africa», l’Afrique devrait être, d’ici 2017, confrontée à une quantité très importante de déchets provenant d’ordinateurs et de téléphones portables. Pourquoi ?


Attention, il ne s’agit pas de l’Afrique dans son ensemble. L’étude montre une tendance observée dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest: le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Libéria, le Nigéria. On ne peut donc pas généraliser à l’ensemble du continent noir.

Le phénomène est lié à plusieurs facteurs : la croissance de la population, qui a déjà dépassé le seuil d’un milliard d’habitants, ainsi qu’à un taux de pénétration plus important des équipements électriques et électroniques. Celui des ordinateurs personnels devrait ainsi être multiplié par 10. Quant à celui des téléphones mobiles, il devrait être multiplié par 100 ! De plus en plus de gens vont donc avoir accès à ces appareils importés, à la fois neufs et d’occasion, donc moins chers.

Ce phénomène est-il lié à l’amélioration de la situation économique en Afrique, où l’on constate, sur la dernière décennie, une croissance soutenue (5 % en 2010). Même si elle reste la région avec le taux de pauvreté extrême le plus élevé au monde.

Je ne peux pas répondre à cette question. Je vous rappelle que l’étude ne porte que sur cinq pays, et parmi eux le Nigéria qui est l’une des grandes puissances du continent, où l’on constate effectivement l’essor de classes moyennes malgré la pauvreté. Ce document n’a pas vocation à parler de la situation économique en général. J’insiste : son objet est d’aider à dégager une stratégie pour l’Afrique confrontée au problème des déchets électriques et électroniques.

Justement, comment le gérer alors que cette région est déjà confrontée à des milliers de tonnes de ces déchets exportés par les pays riches ? Sans parler des trafics…

Un cimetière numérique au Ghana


Onuenaction, chaîne des Nations unies, 19-8-2011

C’était le but d’un Forum pan-africain sur ce thème qui a réuni, en mars, les représentants de vingt pays à Nairobi au Kenya. La réunion a permis de rédiger un «appel pour agir pour la gestion des déchets électroniques en Afrique», qui définit huit recommandations. Il s’agit de faire de ce problème une opportunité en le gérant d’une manière écologiquement raisonnable. En clair, il faut développer le recyclage et la récupération de métaux tels que l’or, l’argent et le cuivre.

Cela est économiquement rentable et écologiquement profitable. Ainsi, dans une mine, on extrait cinq grammes d’or au milieu d’une tonne de minéraux. Tandis qu’on trouve entre 300 et 350 g de métal jaune dans une tonne de téléphones obsolètes !

Mais pour mettre en place des filières pérennes, il faut un cadre juridique clair pour faire respecter les règles internationales, notamment celles qui permettent de lutter contre les importations illégales. C’est un élément indispensable pour protéger la santé des personnes,  prévenir la pollution des eaux et du sol, et assurer un développement durable. Dans le même temps, seul un cadre juridique clair définissant des normes et des certifications permet à des entreprises de se positionner sur le créneau.

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