Kenya : la jacinthe d'eau étouffe le lac Victoria
Au Kenya, la jacinthe d'eau prolifère et menace d'étouffer la faune du fameux lac Victoria. Depuis quelques années, les poissons se font de plus en plus rares. Pourtant, cette plante peut se révéler utile à condition de savoir l'exploiter.
Au fil des années, le quotidien des pêcheurs du lac Victoria, au Kenya, a pris des allures de calvaire. En cause, la présence envahissante d'une plante, la jacinthe d'eau, qui complique l'accès au lac. Originaire d'Amérique du Sud, la jacinthe d'eau est apparue au Kenya pour la première fois au début des années 1990, acheminée par une rivière en provenance du pays voisin, l'Ouganda. Depuis, elle ne cesse de proliférer. Par périodes, elle peut recouvrir 17 000 hectares, soit 5% de la surface du lac, au point de piéger les pêcheurs. Résultat : le secteur de la pêche est en souffrance. La production a chuté de 30% ces cinq dernières années. Pour le président de l'association des pêcheurs, la plante a également fait chuter la population de poissons dans le lac. Il faut empêcher le plus grand lac d'Afrique de mourir et des milliers de pêcheurs qui en dépendent de perdre leur travail.
Une plante présente dans 20 pays africains
Cela fait trente ans que le problème se pose, et aucune solution pour faire disparaître la plante n'a été trouvé. Pour cause, d'après le chercheur Christopher Aura, de l'Institut de recherche kényan sur la pêche, le nombre de jacinthes d'eau double toutes les deux semaines. Depuis un an, un groupe d'une vingtaine de pêcheurs a compris qu'il pouvait y avoir un intérêt à ramasser la jacinthe d'eau. Quand ils ne peuvent pas accéder au lac, ils sont payés à ramasser les plantes. Jack Oyugi, biologiste de formation originaire de la région, a eu l'idée de collecter cette plante pour nourrir les animaux. Après plusieurs années de recherche, il a fini par trouver la bonne formule. Il faut la sécher, puis la broyer jusqu'à obtenir une poudre qui peut alimenter la volaille. Apprendre à vivre avec la jacinthe d'eau, et si possible à en tirer profit, est un défi pour l'Afrique. La plante est en effet présente dans plus de 20 pays sur le continent.
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