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L'ex-président Ben Ali, indésirable sur le sol français

L'avion de l'ex-président tunisien n'a pas pu atterrir ce soir sur le sol français. Paris lui en a refusé l'accès. Pour éviter de mécontenter la communauté tunisienne de l'Hexagone, explique-t-on au gouvernement. _ Il s'est finalement posé dans la nuit à Jeddah, en Arabie saoudite. _ Ben Ali a quitté le pays précipitamment aujourd'hui. L'intérim présidentiel est assuré par son ex-Premier ministre, Mohammed Ghannouchi.
Article rédigé par franceinfo
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Actualisé samedi à 0h40 avec l'atterrissage en Arabie Saoudite et les pillages

Où se posera-t-il ? Les réserves de kérosène de l'avion présidentiel ne sont pas inépuisables... L'ex-président tunisien n'a pas pu atterrir en France - Paris s'y est formellement opposé. On l'annonçait dans la soirée au Bourget ; des manifestants tunisiens avaient commencé à s'y rassembler.
_ La France n'a, semble-t-il, pas voulu mécontenter la communauté tunisienne qui vit sur son sol.

Où est-il ? En fin de soirée, la télévision saoudienne Al Arabiya croit savoir que l'avion a atterri... à Jeddah, en Arabie saoudite.
_ Un peu plus tôt, Al Arabiya parlait du Qatar. Al Djazira, plus vague, parlait d'un atterrissage dans un pays du Golfe. Al Djazira précisait que la femme de Ben Ali, Leila Trabelsi, est déjà à Dubaï, aux Emirats arabes unis, depuis plusieurs jours.

PRECIPITATION

Avant de partir précipitamment, Ben Ali a signé aujourd'hui le décret, qui donne le pouvoir présidentiel par intérim à son Premier ministre, Mohammed Ghannouchi.
_ L'homme est intervenu en fin d'après-midi à la télévision tunisienne pour annoncer que Ben Ali était temporairement dans l'incapacité d'exercer ses fonctions - et pour cause, il était déjà dans l'avion...

Mohammed Ghannouchi a annoncé dans la soirée qu'il allait rencontrer, dès demain, les dirigeants des partis politiques pour former un nouveau gouvernement.

Tout est donc allé très vite. Hier soir, Ben Ali promettait de baisser le prix des produits de première nécessité, de libérer la presse et Internet, et de ne pas se représenter en 2014. Ce midi, il limogeait son gouvernement et décrétait l'état d'urgence.
_ Tentatives désespérées pour ne pas perdre la face ? Symptômes d'un régime en bout de course ? Après 23 ans passés au plus haut niveau de l'Etat, Ben Ali a dû s'enfuir.

Et cette fuite a pris tout le monde de court. En urgence, une réunion s'est tenue ce soir à l'Elysée. Une réunion où, manifestement, la décision de ne pas accueillir l'ex-président tunisien sur le sol français a été prise. Evidemment, le communiqué officiel n'en pipe mot ; il se borne à “prendre acte de la transition constitutionnelle” en cours dans le pays, et à souhaiter l’apaisement et la fin des violences.
_ Mais un peu plus tard, on a appris que, de source officielle, la France ne souhaitait pas sa venue...

La fin des violences est un vœu pieux : de nombreux habitants à Tunis et en province ont lancé des appels, par le biais de la télévision, pour demander l'intervention urgente de l'armée pour les protéger de bandes qui se livrent dans la nuit à des pillages, malgré le couvre-feu.

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