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L'exode libyen, future catastrophe humanitaire ?

Déjà considéré comme une plaque tournante de l'immigration en Afrique, la Libye connait depuis deux jours un véritable assaut de réfugiés cherchant à fuir le pays. Plus de 5.000 personnes ont passé ses frontières entre lundi et mardi. L'Europe s'apprête à faire face à un afflux massif de réfugiés et redoute une crise humanitaire.
Article rédigé par franceinfo
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Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) n'a pas attendu pour tirer la sonnette d'alarme. Son porte-parole, Melissa Fleming a d’ores et déjà demandé aux pays voisins de la Libye (Tunisie, Egypte, Soudan, Tchad, Niger et Algérie) de ne pas refouler les réfugiés fuyant un pays en proie à une violente répression du régime contre l’insurrection populaire.

Entre lundi et mardi, 5.700 personnes ont traversé la frontière à Ras Jedir direction la Tunisie. Selon un responsable du Croissant rouge pour la région de Ben Guerdane, "après ce qu'a dit Kadhafi hier, il y a un risque catastrophique" d'exode massif. Les menaces de mort à l’encontre des manifestants assénées par Mouammar Kadhafi ont terrorisé les populations sur place.

Autre voisin de la Libye, l’Egypte s’organise pour tenter d’éviter le pire. Des hôpitaux de campagne et des camps sont mis en place à la frontière. Un tiers de la population libyenne, soit 2,5 millions d’habitants sont des immigrés d’Afrique subsaharienne. Selon le HCR "le pays est une plaque tournante importante pour la migration, pour les gens qui fuient les guerres et la violence sur le continent africain".

En Libye 2,5 millions d'habitants sont des immigrés

Parmi les pays européens les plus proches, l’Italie se prépare. "Nous savons à quoi nous attendre quand le régime libyen tombera : une vague de 200.000 à 300.000 immigrés. Soit dix fois plus que le phénomène des Albanais dans les années 1990", met en garde le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. L’île italienne de Lampedusa est la porte d’entrée vers l’Europe.

L’Italie espère un soutien de ses partenaires européens. Lesquels, à l’image de la France ou de l’Allemagne refusent le concept du partage de la prise en charge des réfugiés illégaux, à l’image des Tunisiens qui ont fui leur pays après la chute de Ben Ali. Mais les exilés libyens fuyant les violences pourraient bénéficier d’une protection temporaire d’un an. Voire le déclenchement de l’article 78 du traité européen de Lisbonne permettant de débloquer une assistance financière en cas d’afflux soudain de réfugiés dans un ou plusieurs Etats membres.

Caroline Caldier, avec agences

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