La Côte d'Ivoire suspendue à une reddition de Laurent Gbagbo
Selon des sources onusiennes, Laurent Gbagbo serait terré dans son bunker, sous la résidence présidentielle de Cocody, avec les derniers fidèles de sont régime, dont la première dame, son épouse, Simone, qui compte parmi les “faucons” du régime Gbagbo.
L'ONU et la France font état de tractations avec le président sortant. Hier soir, des rumeurs ont circulé sur sa reddition, laissant croire à la fin de ce conflit qui semble jouer les prolongations. Mais elles ont été rapidement démenties. L'Onuci, la mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire, assure cependant que Laurent Gbagbo en aurait émis le souhait, et demandé à être placé sous la protection de l'ONU.
Les discussions se poursuivent donc, sur l'avenir immédiat et plus lointain, mais elles rencontrent, officiellement, un point d'achoppement que les partisans du régime ont mis en exergue. Paris exige en effet que Laurent Gbagbo appose sa signature au bas d'un document reconnaissant son rival, Alassane Ouattara, comme vainqueur de l'élection présidentielle, afin d'assoir la légitimité du futur président et d'éviter un éventuel retour du régime. Mais Laurent Gbagbo a rejeté le document : “Je ne reconnais pas la victoire de Ouattara. Pourquoi voulez-vous que je
signe ça ?”, a-t-il déclaré sur LCI.
Massacres dans l'ouest
Sur le terrain, la bataille d'Abidjan a baissé en intensité. Les forces pro-Gbagbo semblent se déliter et des témoins ont pu entendre des soldats et des miliciens dire que pour eux, la guerre était terminée. Signe de ce retrait, des blindés français de la force Licorne ont pu accéder à des quartiers d'Abidjan jusqu'ici tenu par les fidèles de Laurent Gbagbo, et y patrouiller sans problème. Les forces d'Alassane Ouattara restent pour l'instant discrètes.
L'attention commence à se focaliser sur l'ouest du pays, d'où proviennent d'inquiétantes informations faisant état de massacres. C'est de là qu'est venue l'armée d'Alassane Ouattara. L'ONU a estimé que plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans la ville de Duékoué. Les enquêteurs ont découvert un charnier de 200 corps. Et d'autres cadavres ont été retrouvés en ville. Le CICR évalue le nombre de victimes à 800 dans cette localité.
_ A Abidjan aussi, de nombreux corps jonchent les rues. Le nombre total de victimes de ce conflit pourrait être de 1.500 au moins. Et les deux camps s'en renvoient la responsabilité. Le Tribunal pénal international a annoncé son intention d'ouvrir une enquête sur les massacres de civils.
Grégoire Lecalot
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