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Intervention turque en Libye: des Africains s'indignent "du silence coupable" du continent

La poudrière libyenne suscite de vives inquiétudes en Afrique. "Ils vont faire de l’Afrique du Nord un nouveau champ de bataille", dénoncent de nombreux internautes du continent.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des combattants de la coalition gouvernementale libyenne soutenue par la Turquie, dans la ville de Misrata, le 8 avril 2019. (MAHMUD TURKIA / AFP)

Réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni, d’Allemagne et d’Italie ont condamné le 6 janvier 2020 "toute ingérence extérieure" dans le conflit en Libye. Ils exigent une cessation immédiate des hostilités dans ce pays d’Afrique du Nord en proie au chaos.

"Le chaos programmé"

Le communiqué, signé par le chef de la diplomatie européenne, ne suffira sans doute pas à calmer ceux qui, en Afrique, voient dans le conflit libyen, "le chaos programmé" pour se partager les ressources du continent. La Libye n’échappera pas à la règle, elle a des richesses qui suscitent beaucoup de convoitises, avance Le Courrier du Soir.

"Le déroulement des opérations en Libye prouve que l’idée de se débarrasser de Kadhafi n’était qu’un subterfuge utilisé par l’Occident non pas pour sauver le peuple libyen, comme ils nous le disaient, mais pour se partager l’énorme quantité de pétrole dont regorge ce pays, écrit le journal en ligne basé à Paris.

"Dans un silence assourdissant "

"Ils vont faire de l’Afrique du Nord, le nouveau moyen orient pour exploiter le pétrole et le gaz libyen", s’insurge un internaute nord-africain qui dénonce un scénario criminel qui se décline dans un silence assourdissant. "Pathétique Afrique", se plaint un autre internaute.

Beaucoup d’indignation dans la presse du continent mais aussi de la colère contre les dirigeants africains, accusés de rester silencieux et de ne pas lever le petit doigt depuis que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé l’envoi de combattants en terre libyenne pour renforcer le gouvernement d’union nationale, aux prises avec le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays. Selon le président turc, ce dernier aurait été rejoint par des mercenaires russes pour la conquête de la capitale libyenne.

"Après soixante ans de souveraineté, ils n'assument rien"

Excepté l’Algérie qui a protesté énergiquement et mis en garde la Turquie contre ses velléités libyennes, les médias africains n’ont eu droit qu’à quelques communiqués laconiques publiés notamment par l’Union africaine. La dernière réaction émane du président congolais, Denis Sassou Nguesso, qui a plaidé pour que l’Afrique ne soit pas marginalisée dans la résolution de la crise libyenne.

"On ne saurait comprendre que l’Union africaine ne se soit pas réunie pour statuer sur cette décision", écrit le journaliste guinéen Boubacar Sanso Barry, du site d’information Le Djely. "Une fois encore, ils attendront que le mal soit fait, pour venir pleurnicher et indexer un hypothétique responsable. Parce que malheureusement, c’est cela aussi l’Afrique. Après soixante années de souveraineté, les gars n’assument rien. Le mal, c’est toujours l’autre, le bouc émissaire ! Hélas », déplore notre confrère.

Le journal Le Pays, du Burkina Faso, déplore aussi le silence des pays africains dans le branle-bas diplomatique engagé autour de la Libye.

Il est temps que l'Afrique sorte de sa torpeur pour défendre, elle aussi, ses intérêts en Libye, comme le font les Européens

Journal Le Pays du Burkina Faso

Et de mettre en garde les pays de la région qui paient un lourd tribut à la guerre qui déchire la Libye depuis plusieurs années. "C’est le chaos dans ce pays qui a ouvert les portes du Sahel à tous les groupes armés qui y sèment la terreur", rappelle le journal Le Pays.

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