Au Nigeria, Boko Haram se sert de ses otages féminines sur la ligne de front
L'association Human Rights Watch publie les témoignages d'une trentaine de femmes enlevées par les insurgés islamistes. Elles racontent avoir été obligées de participer à des combats.
Que sont devenues les lycéennes enlevées par Boko Haram ? Selon l'ONG Human Rights Watch, la secte islamiste utiliserait les femmes et jeunes filles kidnappées "en première ligne" lors des combats menés contre l'armée nigériane.
"On m'a demandé de porter les munitions"
L'organisation de défense des droits de l'homme publie un rapport, lundi 27 octobre, dans lequel elle compile plusieurs dizaines de témoignages d'ex-otages. Une jeune fille de 19 ans, retenue trois mois en otage par Boko Haram l'année dernière, raconte avoir été forcée de participer à des attaques.
"On m'a demandé de porter les munitions et de m'allonger dans l'herbe pendant qu'ils se battaient. Ils venaient s'approvisionner en munitions, au cours de la journée, alors que les combats se poursuivaient, explique-t-elle. Quand les forces de sécurité sont arrivées sur place et qu'elles se sont mises à nous tirer dessus, je suis tombée par terre, de peur. Les insurgés m'ont alors traînée sur le sol, en s'enfuyant vers le camp."
L'ex-otage raconte avoir aussi reçu l'ordre d'égorger un membre d'une milice privée capturé par Boko Haram, à l'aide d'un couteau. "Je tremblais, horrifiée, et je n'ai pas pu le faire. La femme du chef du camp a alors pris le couteau et elle l'a tué", poursuit-elle.
Plus de 500 femmes et jeunes filles enlevées
Ce rapport est publié au lendemain de l'annonce du rapt de trente adolescents, garçons et filles, dans l'Etat de Borno (nord-est du Nigeria), épicentre de l'insurrection islamiste. La semaine précédente, soixante autres filles et jeunes femmes ont été enlevées à Wagga et Gwarta, deux villages du sud de cet Etat.
Ces deux séries d'enlèvements ont jeté de nouveaux doutes sur l'accord de cessez-le-feu que les autorités nigérianes ont annoncé avoir conclu, mi-octobre, avec Boko Haram. Cet accord prévoyait notamment la libération des 219 lycéennes enlevées à Chibok en avril et toujours aux mains des islamistes. Selon Human Rights Watch, plus de 500 femmes et jeunes filles ont été enlevées depuis le début de l'insurrection en 2009.
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