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Lycéennes enlevées au Nigeria : quels moyens pour arrêter Boko Haram ?

Cinq chefs d'Etat africains réunis samedi à Paris autour du président français François Hollande ont adopté un plan d'action régional pour lutter contre le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, devenu "une menace majeure" en Afrique.

Article rédigé par franceinfo
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De gauche à droite, les présidents du Niger, Mahamadou Issoufou, du Tchad, Idriss Déby, du Nigeria, Goodluck Jonathan, le Camerounais, Paul Biya et le Béninois Thomas Boni yayi, entourent le président français, François Hollande, sur le péron de l'Elysée, samedi 17 mai 2014.  (ALAIN JOCARD / AFP)

La secte nigériane Boko Haram, sous le feu des projecteurs depuis l'enlèvement mi-avril de plus de 200 jeunes filles, ne fait pas profil bas. Samedi 17 mai, ses membres ont lancé une attaque contre un site chinois d'activité industrielle dans le nord du Cameroun. Ils y auraient enlevé une dizaine de personnes, selon le gouverneur de cette province.

Alors que la France accueille samedi à Paris un sommet international pour la sécurité du Nigeria, censé accoucher d'une stratégie commune pour lutter contre la secte, francetv info revient sur les moyens mis en place par la communauté internationale pour retrouver les lycéennes, et stopper les activités terroristes du groupe.

La mise en œuvre d'un "plan global"

Le président français François Hollande a appelé samedi le Nigeria et ses voisins à définir une stratégie contre cette "menace majeure" que constitue Boko Haram.

Le sommet de l’Elysée décide d’un "plan d’action global" contre Boko Haram (FRANCE TELEVISIONS)

Ce dernier "doit être mis en œuvre visant à échanger les informations, à coordonner les actions, à contrôler les frontières et à agir de façon appropriée", a insisté le président français au cours d'un déjeuner avec ses homologues du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Bénin.

Le sommet de l'Elysée réunit, outre le Nigeria et ses voisins, des représentants des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l'Union européenne.

Le déploiement d'une aide internationale

Il n'est pas question d'une intervention militaire occidentale contre Boko Haram, selon l'Elysée. En revanche, la France, qui intervient militairement au Mali et en Centrafrique, a déployé des moyens de renseignement. Dès le 7 mai, la France, mais aussi le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou encore la Chine et Israël ont proposé leur aide au Nigeria. 

Si Londres y a envoyé une équipe de conseillers gouvernementaux, ainsi que des officiers de liaison du SAS (Special Air Service), unité des forces spéciales de l'armée britannique, basés à Abuja, Washington a fourni des forces de sécurité (militaires, policiers et "d'autres agences"), précisait alors Le Monde.fr. Avec un seul objectif : tenter de retrouver les jeunes filles. 

Selon Reuters, les Etats-Unis, via le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), pourraient aussi déployer des drones dans la région."Nous fournissons aux Nigérians des images satellites et nous effectuons des vols de reconnaissance au-dessus du pays, avec l'autorisation des autorités", a confirmé mardi un officiel américain, interrogé par NBC News.

Les appels au dialogue des autorités nigérianes

Très critiqué pour sa gestion de la crise, le président nigérien, Goodluck Jonathan, s'est dit "pleinement engagé" pour retrouver les jeunes filles, vendredi, à Paris. Face à l'absence de résultat couplée à la pression occidentale, il avait de nouveau ouvert la voie au dialogue avec les insurgés, mardi soir. "Nous sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à Chibok en font partie", avait prévenu le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l'année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d'amnistie avec Boko Haram.

Mais dès le lendemain, Goodluck Jonathan a décrété l'état d'urgence dans les Etats de Yobe, Borno, et Adamawa. "L'armée nigériane déclenche alors une vaste offensive contre les insurgés islamistes", explique Jeune Afrique"Deux mille soldats sont notamment déployés dans la forêt de Sambisa, fief du groupe terroriste. [Mais] souvent violents et réprimant tous azimuts, ils se mettront rapidement la population à dos".

Interrogé par l'hebdomadaire, Nnamadi Obasi, spécialiste du Nigeria à l'International Crisis Group, indique qu'il s'agit davantage d'un "acte politique, pour montrer que des actions sont engagées", que d'une réelle stratégie militaire, succeptible de faire reculer la secte.

Vers des sanctions de l'ONU ?

En marge du sommet de Paris, source diplomatique occidentale a par ailleurs indiqué que le Nigeria était d'accord pour faire examiner par le Conseil de sécurité de l'Onu l'instauration d'un régime de sanctions contre Boko Haram. "Le Nigeria, qui est membre du Conseil de sécurité, devra en prendre l'imitative et l'idée devra ensuite être examinée par les autres pays membres", a souligné cette source.

Abuja était jusqu'ici réticent à l'idée de porter aux Nations unies les problèmes posés sur son territoire et dans les pays voisins par l'organisation islamiste Boko Haram, responsable de milliers de morts ces cinq dernières années.

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