Le Nigeria exclut de libérer des membres de Boko Haram en échange des lycéennes enlevées
Les autorités réagissent à la demande de la secte islamiste formulée dans une vidéo lundi.
C'est non. Le Nigeria exclut de libérer des membres de Boko Haram en échange des lycéennes nigérianes enlevées. Dans une nouvelle vidéo de 27 minutes, diffusée lundi 12 mai, la secte islamiste posait cette condition.
Au total, 276 lycéennes avaient été enlevées le 14 avril à Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est), qui abrite une communauté chrétienne importante. Parmi elles, 223 sont toujours portées disparues.
Que voit-on dans cette vidéo ?
Abubakar Shekau, le leader du groupe islamiste, parle durant 17 minutes dans cette vidéo obtenue par l'Agence France Presse. Il s'exprime en arabe puis en haoussa, la langue la plus parlée dans le nord du Nigeria, devant un fond vert en tenue militaire, avec une arme automatique.
La vidéo montre ensuite quelque 130 adolescentes en train de prier dans un lieu non identifié. Habillées de longs voiles noirs et gris découvrant leurs visages, assises par terre dehors, entourées d'arbres, elles récitent le premier chapitre du Coran.
Trois filles sont interrogées : deux disent qu'elles étaient chrétiennes et se sont converties à l'islam, alors que la troisième déclare qu'elle était déjà musulmane. L'une d'entre elles affirme que les captives ne sont pas maltraitées.
Que réclame Boko Haram ?
Abubakar Shekau prévient qu'il ne libérera les jeunes lycéennes qu'en échange de prisonniers de la secte islamiste. "Nous ne les libérerons qu'après que vous aurez libéré nos frères" emprisonnés par les autorités nigérianes, ajoute-t-il. Il précise qu'un tel échange ne concernerait que "celles qui ne se sont pas converties" à l'islam, celles ayant accepté de devenir musulmanes étant devenues "des sœurs".
Une telle libération est-elle possible ?
Le ministre de l'Intérieur nigérian a exclu lundi d'échanger des prisonniers de Boko Haram contre les lycéennes. "Ce n'est pas à Boko Haram et aux insurgés de poser leurs conditions", a déclaré Abba Moro et "il n'est pas question d'échanger une personne contre une autre". A la question de savoir s'il rejetait une telle condition, il a répondu "bien sûr".
Les autorités nigérianes mènent depuis plusieurs années des opérations militaires pour tenter de mettre fin aux actions du groupe : depuis 2011, Boko Haram a pris pour cible des églises, des mosquées et des symboles du pouvoir mais aussi des écoles, des universités et des dortoirs, massacrant des étudiants dans leur sommeil.
Les autorités ont déjà libéré des membres présumés de Boko Haram par le passé : en mai 2013 par exemple, le Nigeria avait annoncé la libération de toutes les femmes incarcérées en raison de leurs liens avec des "activités terroristes", rappelle France 24.
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