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Lynchage à Madagascar : le parquet de Bobigny ouvre une enquête préliminaire

Vingt-six personnes ont été arrêtées sur l'île de Nosy Be, où trois hommes, dont un Français, ont été lynchés, soupçonnés par des habitants de l'assassinat d'un enfant.

Article rédigé par franceinfo
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Des témoins photographient le brasier dans lequel un Malgache a été jeté, à Nosy Be (Madagascar), le 3 octobre 2013. (BILAL TARABEY / AFP)

Trois hommes ont été lynchés par la foule, mercredi, à Nosy Be, petite île touristique située au nord de Madagascar. Parmi eux se trouvait un Français, habitué de cette destination. Depuis, la gendarmerie a arrêté 26 suspects, acteurs ou témoins de la scène et le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a ouvert une enquête sur la mort du Français. Francetv info retrace les événements.

Que s'est-il passé ?

Les raisons de ces agressions remontent au mercredi 2 octobre. "Le corps sans vie d'un garçon de 8 ans disparu vendredi a été retrouvé" sur une plage de l'île de Nosy Be, au nord de Madagascar. L'enfant est retrouvé sans ses organes génitaux, et sans sa langue. Après cette découverte, la rumeur enfle concernant un possible trafic d'organes, mais un enregistrement audio, transmis plus tard à l'AFP, laisse entendre que les hommes sont accusés de pédophilie.

Le lendemain, des habitants de Nosy Be cherchent alors des coupables. Selon un officier de police, "des petits groupes ont été cueillir [les suspects] dans leur logement respectif avant de les amener sur la plage, à l'endroit même où le corps du jeune garçon a été retrouvé". Là, un Français et un Franco-italien, vraisemblablement employés d'un hôtel, sont frappés et torturés par la foule, puis jetés dans un brasier. Dans la soirée, un troisième suspect, un Malgache, est lui aussi violenté et jeté au feu.

DLTFTV_MAM_3492166 (AMBROISE BOULEIS - FRANCE 2)

Qui sont les trois hommes lynchés ?

On connaît l'identité du Français victime de cette violence. Il s'agit de Sébastien Judalet, habitant de Seine-Saint-Denis, chauffeur de bus à la RATP, qui faisait de fréquents séjours à Madagascar. Il y était revenu, en vacances, en septembre, muni d'un visa de deux mois. Dans un enregistrement audio, on l'entend notamment se défendre, face à des accusateurs menaçants. "Je n'ai rien enterré Madame, je suis innocent, c'est un complot contre moi", dit-il. "Tu nous dis la vérité sinon on te lynche devant tout le monde et tu vas te faire tuer", répond une femme.

Un Franco-italien, Roberto Gianfala, et un Malgache, prénommé Zaidou, l'oncle de l'enfant, sont les deux autres victimes de la vindicte populaire.

Où en est l'enquête ?

En tout, 26 personnes ont été arrêtées, depuis jeudi. "On a arrêté les gens chez eux. Ils vont être gardés en attendant et interrogés pour la nécessité de l'enquête jusqu'à ce que le parquet se charge de l'affaire", explique la gendarmerie. Les gendarmes ont pour mission d'arrêter ceux qui ont participé aux lynchages et aux émeutes de mercredi et jeudi, et ceux qui possèdent des photos des lynchages prises avec leur téléphone portable. Une mission difficile. "Les gens ne l'aident pas à identifier", ceux qui ont participé, déplore la gendarmerie.

En France, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête préliminaire pour "meurtre". Il s'agit pour l'instant d'une enquête de police sur la mort de Sébastien Judalet, Aucune information judiciaire sous l'autorité d'un juge d'instruction n'a encore été ouverte.

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