Madagascar : pour le second tour de la présidentielle, le premier débat télévisé en direct de l'histoire du pays
La campagne électorale bat son plein à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle malgache. Un débat télévisé inédit et houleux a laissé éclater le lourd passif personnel qui oppose les deux finalistes, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina.
Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie malgache, un débat entre les deux finalistes de l'élection présidentielle a été diffusé en direct à la télévision publique le 9 décembre 2018. Le duel a opposé les anciens présidents Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina.
Marc Rajoelina, 44 ans, a remporté le premier tour le 7 novembre avec 39,23% des suffrages, devançant de peu Marc Ravalomanana, 69 ans, crédité de 35,35%.
Selon la presse malgache, ce débat n’a pas permis de distinguer les programmes, mais a éclairé les personnalités des deux prétendants à la magistrature suprême. "La fougue d’Andry Rajoelina a contrasté avec le calme et la pondération de Marc Ravalomanana", affirme La Tribune de Madagascar.
"Cacophonique, loin d’avoir été un débat d’idées ou de programmes, le premier débat entre les deux candidats finalistes a rapidement pris des allures de règlement de compte", écrit Fabrice Ranaivoson dans L’Express de Madagascar.
Longue rivalité personnelle
Principal enseignement : la confrontation a confirmé la forte rancœur personnelle qui oppose les deux candidats. Elu président en 2002, Marc Ravalomanana a été contraint de quitter la présidence de la Grande île sept ans plus tard, après une série de violentes manifestations soutenues par Andry Rajoelina, alors maire de la capitale Antananarivo. Ce dernier a ensuite été installé à la tête du pays par l'armée.
Dès le début du face-à-face du 9 décembre, Marc Ravalomanana s'en est pris à son adversaire, l'accusant de lui avoir ravi le pouvoir en 2009 à la faveur d'un "coup d'Etat".
Vous étiez le leader du mouvement de 2009 qui a commis un coup d'Etat. A cause de cela, le peuple malgache a été piégé dans le cercle de la pauvreté
Marc Ravalomananaà TVM Télévision Malagasy
"Tu vis trop dans le passé, lui a rétorqué son successeur. Ce qu'on attend de nous, c'est ce qu'on peut apporter au peuple aujourd'hui."
Pendant de longues minutes, les deux hommes se sont renvoyés la responsabilité des maux dont souffre leur pays − pauvreté, corruption, insécurité − et ont promis de remettre leur pays sur les rails.
Un second tour très ouvert
"Je me donne 100 jours pour éradiquer l'insécurité", a promis Marc Ravalomanana. "Mes promesses sont mesurables, on peut atteindre l'autosuffisance alimentaire en cinq ans", a renchéri Andry Rajoelina. "On a besoin d'un président qui prend soin des faibles, il faut un président patriote", a conclu l'ancien maire de la capitale, au terme de deux heures et demie d'échanges souvent tendus.
"Cette élection est un tournant qui voit concourir un bâtisseur et un destructeur", a résumé à sa manière Marc Ravalomanana.
Les deux candidats doivent encore s'affronter dimanche 16 décembre lors d'un second débat télévisé, à trois jours du scrutin final, prévu le 19 décembre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.