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Mali: un couple accusé de concubinage lapidé dans le Nord

Un homme et une femme ont été lapidés dans la région de Kidal, dans le nord du Mali, par des «islamistes» qui leur reprochaient de vivre en concubinage, cinq ans après des faits similaires dans la même zone alors sous contrôle de djihadistes. Le président Emmanuel Macron se rend ce vendredi sur la base de Gao au Mali, sa première visite pour saluer les troupes françaises.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (SOULEIMAN AG ANARA / AFP )

La mise à mort du couple s'est déroulée le 16 mai 2017 dans la vallée de Taghlit, entre les localités d'Aguelhoc et Tessalit, a précisé un des élus de la région de Kidal à l'AFP. C'est la première fois depuis 2012 que des faits similaires sont signalés au Mali, dont le vaste Nord a été contrôlé pendant près de dix mois (mars-avril 2012 jusqu'à mi-janvier 2013) par des groupes djihadistes liés à al-Qaïda.
 
Accusé d'avoir «violé la loi musulmane», le couple a été arrêté et tué à coups de pierres par les islamistes, qui ont filmé la scène, a expliqué un des élus locaux. «Les islamistes ont creusé mardi deux trous dans lesquels ils ont mis l'homme et la femme qui vivaient maritalement sans être mariés», a affirmé un deuxième élu local. De même source, leurs bourreaux étaient «quatre personnes». Aucune indication n'a pu être obtenue sur l'identité des victimes, ni des «islamistes».
 
L'Association malienne de défense des droits de l'Homme (AMDH) a condamné de «lâches assassinats» et demandé que leurs auteurs soient arrêtés et jugés.
 
Précédent
Le 29 juillet 2012, alors que le nord du Mali était sous le joug des djihadistes, des membres du groupe Ansar Dine avaient lapidé en public à Aguelhoc un homme et une femme auxquels ils reprochaient d'avoir eu des enfants sans être mariés. D'autres exactions, dont des amputations et flagellations en public, ont aussi été perpétrées ailleurs dans le Nord durant cette période par les djihadistes prétendant appliquer la charia (loi islamique). Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe d'organisations djihadistes à la faveur d'une rébellion touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
 
Zones hors contrôle
Les djihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France et qui se poursuit actuellement. Des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes. Depuis 2015, ces assauts se sont étendus au centre et au sud du pays.
 
Le Parti pour la renaissance nationale (Parena, opposition) tire la sonnette d’alarme sur la détérioration de la situation sécuritaire. Selon le décompte du Parena, «entre le 1er janvier et le 14 mai 2017, au moins 309 personnes, dont des étrangers, ont perdu la vie au cours de 70 incidents armés» au Mali, pour moitié dans le centre du pays.
 
Force d’intervention rapide
«Une force d'intervention rapide» composée de Casques bleus sénégalais sera prochainement déployée dans le centre du Mali, où se sont multipliées depuis 2015 attaques et violences intercommunautaires, a annoncé le 17 mai un responsable de l'ONU à Bamako.
 
Déployées depuis juillet 2013, les forces onusiennes comptent un peu plus de 12.000 militaires et policiers sur le territoire malien. La Mission des Nations Unies au Mali (Minusma) est la mission de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec plus de 70 Casques bleus tués en opération.

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