Sahel : Paris envisage de réduire les effectifs de la force Barkhane à la faveur de renforts européens
Paris veut réduire le nombre de militaires français déployés au Sahel, au fur et à mesure du déploiement de la force européenne Tabuka, composée de forces spéciales tchèques, estoniennes et suédoises.
Près d'un an après l'envoi de 600 soldats français supplémentaires au Sahel pour reprendre l'avantage face aux jihadistes, le gouvernement français veut réduire le nombre de ses soldats sur le terrain – ils sont aujourd’hui environ 5 100 – à la faveur de l’arrivée de renforts européens.
Selon des sources concordantes, le retrait de plusieurs centaines de militaires français est désormais sur la table pour revenir au niveau d'avant les renforts de janvier 2020 qui visaient à "frapper fort" après une recrudescence des attaques, précise l'AFP. Un dossier "prioritaire pour l'état-major", qui pourrait également tailler dans les fonctions "transverses" (soutien, génie, renseignement...) dès la relève majeure de février 2020, détaille une source militaire ayant requis l'anonymat. Le ministère des Armées s'est refusé à tout commentaire.
Plusieurs batailles gagnées
"L'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) a subi depuis plusieurs mois un certain nombre de pertes humaines, de frappes, de privations de moyens qui l'ont singulièrement affaibli, même s'il faut rester prudent", estime le commandant de Barkhane, le général Marc Conruyt. Et l'autre nébuleuse jihadiste active dans la région, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, "a eu ces derniers mois tendance à tirer profit du fait que nous avons concentré beaucoup d'efforts sur l'EIGS, prévient le général. Aujourd'hui, il est l'ennemi le plus dangereux pour le Mali et les forces internationales."
En France, cet effort militaire de longue haleine suscite certaines interrogations, alors que 50 soldats français ont été tués au Sahel depuis 2013.
Eviter l’enlisement
"Après sept années, malgré nos grands succès tactiques, la situation n'évolue pas favorablement sur place. Nous constatons un bilan lourd, trop lourd, et un coût financier important pour la Nation", jugeait récemment le député Thomas Gassilloud (majorité présidentielle) en suggérant de "rester autrement, dans une stratégie de transition (...) dans un format moins lourd".
Pour éviter l'enlisement et alléger son dispositif, la France mise sur deux axes : l'engagement de partenaires européens à ses côtés et l'accompagnement intensifié des armées sahéliennes, dans l'espoir qu'elles soient un jour capables d'assumer la sécurité de leur territoire.
Pendant longtemps la France a été seule, elle ne l'est plus. Ce partenariat européen est en train de prendre de l'ampleur. L'accompagnement au combat des Maliens est essentiel, les Européens viennent prendre leur part
Florence Parly, ministre de la défenseà l'AFP
Paris mise ainsi beaucoup sur Takuba, un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat et aider à recréer de la confiance entre ces soldats et la population. Une centaine d'Estoniens et de Français ont accompli en octobre leur première mission dans le Liptako (nord-est). Quelque 60 Tchèques devraient prochainement les rejoindre, puis 150 Suédois en 2021. Il leur faudra faire leurs preuves pour attirer d'autres Européens, comme l’espère Paris.
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