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Maroc: revers des islamistes, abstention record aux élections

Article rédigé par franceinfo
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Les islamistes marocains n'ont pas réussi la percée qu'ils espéraient lors des élections législatives de vendredi marquées par une abstention record avec une participation de seulement 41%.

Les socialistes (USFP) sont les grands perdants du scrutin. Ils ont perdu une quinzaine de sièges, selon leur propre calcul, et deux de leurs ministres ont été battus.

Le Parti justice et développement (PJD - islamiste), qui affichait de grandes ambitions et espérait devenir la première formation du royaume, a vu ses espoirs déçus et a aussitôt accusé ses adversaires de "corruption électorale".

"Nous sommes sûrs de 41 sièges et nous comptons encore obtenir quelques députées sur les listes des femmes. Nous pensons obtenir au total 52 sièges ce qui est décevant. L'argent de nos adversaires a coulé à flots", a déclaré à l'AFP le numéro deux du parti, Lahcen Daoudi, réélu à Fès.

Le PJD avait misé auparavant sur 70 à 80 sièges.

Trois formations peuvent prétendre à la première place: le PJD, le vieux mouvement nationaliste Istiqlal et le parti berberiste et rural du Mouvement Populaire (MP).

Chacun devrait obtenir quelque 50 sièges, selon les estimations de leurs dirigeants.

Selon des résultats provisoires, "le MP qui misait sur une cinquantaine de députés a enlevé 42 sièges", a indiqué à l'AFP Ouzine Aherdane, un responsable du parti qui paraissait satisfait de ce résultat "obtenu à la lumière d'un taux de participation faible". "C'est la taxe de la transparence et de la démocratie".

En revanche, les socialistes n'espèrent obtenir que 35 sièges contre 50 dans la chambre sortante. "C'est une déception, c'est loin de ce que l'on attendait", selon un de leurs responsables.

Deux de leurs ministres, celui de la Culture et celle chargée des Marocains de à l'étranger, ont raté leur élection. En outre, le ministre de la Communication Nabil Benabdellah (Parti du progrès et du socialisme - PPS), candidat à Témara (près de Rabat), a été battu. Par ailleurs, le ministre de l'Energie, candidat du MP, Mohamed Boutaleb a essuyé une défaite.

Les électeurs devaient choisir 295 députés dans 95 circonscriptions et 30 députées sur une "liste nationale" séparée, pour assurer un quota de représentation aux femmes.

Les résultats partiels devraient être annoncés samedi soir par le ministère de l'Intérieur et les chiffres définitifs dimanche.

Seuls deux inscrits sur cinq se sont déplacés pour ces deuxièmes élections législatives depuis l'accession au trône du roi Mohammed VI en 1999. Selon les estimations du ministère de l'Intérieur, la participation s'établit à 41% contre 52% en 2002.

Il s'agit du taux le plus bas de l'histoire du royaume. La désaffection des électeurs n'a fait que s'accentuer au fil des scrutins. En 1984, le taux de participation avait été officiellement de 67,43%, mais les irrégularités avaient été nombreuses.

Choqués par cette abstention historique, plusieurs partis ont fini par reconnaître qu'il fallait revoir la manière dont ils avaient mené leur action politique.

Le taux de participation était l'un des enjeux du scrutin et il s'agit d'un revers pour les 33 partis en lice comme pour les autorités: les résultats sont en deçà des ambitions modestes affichées par le ministre de l'Intérieur qui espérait faire mieux que les 52% de 2002.

Pour la première fois, 52 observateurs étrangers ont supervisé le scrutin. Ils devaient publier un rapport préliminaire samedi et une version définitive dans quelques semaines.

Près de 3.000 observateurs marocains ont aussi participé à la surveillance du scrutin.

Au vu des résultats définitifs, Mohammed VI devrait nommer un Premier ministre qui négociera avec les partis représentés au Parlement pour former une coalition.

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