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COP22: consolider l'accord de Paris sur le climat et passer à l'action
Le Maroc accueille, du 7 au 18 novembre 2016, la 22e conférence sur le climat (COP22). Un an après l’accord global adopté à Paris, de nombreuses dispositions restent à préciser, voire à arbitrer. Le cap a été fixé: maintenir le réchauffement «bien en deçà des 2°». Il faut maintenant agir vite et même accélérer, car malgré les engagements pris à Paris, la barre des 2°C sera franchie dès 2030.
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L’accord de Paris sur le réchauffement climatique est entré en vigueur le 4 novembre 2016. A la veille de l’ouverture de la Conférence de Marrakech, 96 pays représentant 69% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont ratifié l’accord. Parmi eux, les poids lourds de l’économie mondiale: Etats-Unis, Chine, Union européenne et Inde.
La ratification du protocole de Kyoto avait pris 8 ans. Moins d’un an aura été nécessaire pour l’accord de Paris. Cela montre une réelle prise de conscience sur les dangers du réchauffement climatique: fonte des glaciers, montée du niveau des océans, sécheresse, menace sur la sécurité alimentaire et sur la santé…
Le cap a été fixé (moins de 2°) et les grandes lignes tracées: une transition énergétique rapide vers le solaire et l’éolien, la préservation de la ressource en eau, l’adaptation de l’agriculture au réchauffement climatique notamment sur le continent africain qui accueille cette conférence.
La négociation n'est pas terminée
Durant les travaux de la COP22, qui se déroule jusqu'au 18 novembre, tous ces thèmes seront mis sur la table, avec un focus sur l'agriculture (longtemps oubliée dans le débat climatique), la sécurité alimentaire et la gestion durable et résiliente des sols.
La COP22 doit permettre de concrétiser et d’accélérer les efforts promis par les Etats en 2015 à Paris. Mais des divergences subsistent. Sur l’adaptation du secteur agricole, par exemple, les pays émergents ne veulent pas entendre parler de réduction des émissions de CO2. «Il faut éviter le piège de l’inaction. Il est urgent de définir les objectifs et les critères d’une agriculture répondant au double enjeu du changement climatique et de la sécurité alimentaire. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre la prochaine COP et de perdre un an de travail», explique Bertrand Noiret, d’Action contre la Faim.
L'Afrique au cœur de la COP22
La COP22 doit aussi être l’occasion de préciser la montée des engagements financiers. Les pays industrialisés se sont engagés à augmenter les aides aux pays en développement jusqu'à atteindre 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le Sénégal par exemple compte «insister sur le financement de l’adaptation au changement climatique au bénéfice des pays vulnérables», a annoncé Ousmane Fall M.Sarr, président du Comité national changements climatiques.
Les pays africains attendent également beaucoup de l'Initiative pour les énergies renouvelables et des 10 milliards de dollars promis pour promouvoir les énergies vertes sur le continent. Des projets sont actuellement évalués.
Vérification des engagements
Les règles de transparence seront également au cœur des discussions. Chaque pays devra fournir des informations précises sur son programme d’action. «L'enjeu le plus important à Marrakech, c'est de se mettre d'accord sur une date-butoir pour décider des règles d'application de l'accord, notamment les règles de transparence», estime Laurence Tubiana, la négociatrice française qui se prononce pour un premier bilan global dès 2018.
Trajectoire de +3°C
Les ONG, elles, font pression pour qu'un maximum de pays révisent à la hausse leurs ambitions le plus tôt possible. Dans l'accord de Paris, la première révision obligatoire est prévue en 2025, «une date bien trop tardive pour respecter les 2°C» affirme les ONG. Les différentes «parties» doivent également communiquer d'ici 2020 leur stratégie de développement «bas carbone» pour 2050.
La COP22 sera donc un révélateur de la volonté des Etats. Elle permettra de voir si les pays engagés sont prêts à agir concrètement et rapidement car il y a urgence. Si les engagements pris à Paris sont respectés, on échappera au scénario catastrophe d'une hausse des températures de 4 ou 5°C. Mais à ce jour, l'accord sur le climat met la planète sur une trajectoire de +3,2°C° à l'horizon 2050 affirment les experts.
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