Le Maroc achète un système de défense israélien en pleine tension avec l'Algérie
Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a conclu le 24 novembre 2021 à Rabat une visite qualifiée "d'historique", un an après la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.
Le Maroc et Israël ont conclu le 24 novembre 2021 un accord de coopération sécuritaire à l’occasion de la visite historique à Rabat du ministre israélien de la Défense Benny Gantz. Une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays après la première intifada en 2000. Une visite placée essentiellement sous le signe de la coopération militaire, en pleine tension entre le royaume chérifien et l'Algérie.
Une large coopération militaire
Cet accord-cadre "sans précédent", selon les parties, lance formellement une coopération sécuritaire "sous tous ses aspects". Au programme, l’achat par Rabat du système israélien Skylock Dome, de la société Skylock Systemps, conçu pour détecter et neutraliser les drones, pour abattre des cibles à très courte portée ainsi que des roquettes, de l’artillerie et des mortiers. Une possible réponse à l’acquisition de drones turcs par Alger. Le Maroc pourrait par ailleurs se montrer intéressé par le Dôme de fer, autre dispositif anti-missiles et anti-roquettes de l'autre société israélienne Rafael Advanced Defense Systems. Egalement envisagée par le royaume, la construction avec son nouveau partenaire d'une base militaire près de Melilla, croit savoir le site d'actualité Bladi.net.
Ce qui est clair, c'est que les deux pays envisagent une large coopération militaire, par exemple pour contrer les cyber-attaques et afin, selon les Israéliens, de faire face aux "menaces et défis dans la région".
La visite de Benny Gantz intervient alors qu'Alger a rompu en août ses relations diplomatiques avec Rabat en raison selon l'Algérie "d'actions hostiles" du Maroc et alors que le Front Polisario a décidé d'"intensifier" sa lutte armée contre le Maroc.
Pour Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l'université de Tel Aviv, la première visite d'un ministre israélien de la Défense au Maroc en pleine tension entre les deux poids lourds du Maghreb ne semble pas être une pure coïncidence.
"Il est possible que dans un contexte de tension Algérie/Maroc, les Marocains (....) désirent montrer au monde – à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l'Occident – qu'ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique."
Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l'université de Tel Avivà l'AFP
Soutien américain
En rencontrant lundi 22 novembre à Washington son homologue marocain Nasser Bourita, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait apporté un soutien appuyé au plan d'autonomie "sérieux et réaliste" prôné par le Maroc pour régler le conflit du Sahara occidental. La nouvelle présidence Biden semble reconnaître la "pleine souveraineté" du Maroc sur le Sahara occidental, revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l'Algérie.
Selon l'AFP, une coalition pro-palestinienne de partis et ONG de gauche ainsi que les islamistes du mouvement Justice et Bienfaisance ont appelé à une manifestation le 24 novembre 2021 à Rabat, pour fustiger la normalisation avec Israël et dénoncer la venue au Maroc du "criminel de guerre Gantz", chef d'état-major lors de la guerre de l'été 2014 à Gaza.
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