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Le retour du Maroc dans l'Union africaine se heurte à la rivalité sud-africaine

Rabat ne ménage pas ses efforts pour réintégrer l'Union africaine. Le roi Mohamed VI multiplie les déplacements et les contrats sur le continent, comme l'illustre l'accord signé le 3 décembre 2016 à Abuja sur un Gazoduc reliant le Nigeria à l'Europe via le Maroc. La diplomatie économique du royaume et sa volonté de revenir dans la famille africaine se heurte à la rivalité de l'Afrique du Sud.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
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Le roi Mohamed VI reçoit les leaders africains à Marrakech pour le sommet de la COP22.    

Le Maroc ne décolère pas contre la diplomatie sud-africaine, soupçonnée de «faire obstruction» au retour du royaume chérifien au sein de l’Union africaine.
Le Maroc a officiellement exprimé son mécontentement contre la diplomate sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l’Union africaine (UA). Selon le ministère marocain des Affaires étrangères, Mme Dlamini-Zuma aurait «retardé de manière injustifiée la diffusion de la demande de réintégration du Maroc aux membres de l’Union africaine» peut-on lire dans un communiqué particulièrement virulent

L'Afrique : géographie naturelle
Le roi Mohamed VI avait lancé la bataille diplomatique en juillet 2016, souhaitant un retour rapide de son pays au sein de l’UA. Faisant de l'Afrique la profondeur stratégique, économique et diplomatique du Maroc.

Rabat avait quitté l'organisation panafricaine en 1984 pour protester contre l’admission du front Polisario comme représentant de l’ex-colonie espagnole du Sahara occidentale. Avec l'Algérie, la diplomate sud-africaine demande le respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance. Des frontières héritées de la colonisation que Rabat ne reconnaît pas. 

Le Maroc sûr de ses soutiens
Le retour du Maroc dans l’Union africaine doit être validé par un vote des Etats membres à la majorité des deux tiers lors du sommet de l’UA qui doit se réunir début 2017 à Addis Abeba. «Le Maroc dispose à ce jour, documents à l’appui, du soutien et de la pleine adhésion d’une grande majorité d’Etats membres», affirme la diplomatie marocaine.

Le Maroc mène depuis des années une vaste offensive diplomatique pour obtenir les soutiens nécessaires à sa réintégration. Mohammed VI a enchaîné ces derniers mois les voyages en Afrique: Rwanda,Tanzanie, Gabon, Sénégal, Ethiopie, Madagascar, Nigeria et  Zambie.

Le président Nigérian Muhamadu Buhari reçoit le roi Mohamed VI à Abuja, la capitale, le 2 décembre 2016. 

Le royaume chérifien mise particulièrement sur la diplomatie économique pour rallier le maximum de soutiens à sa cause.
 A Addis Abeba mi-novembre, sept accords bilatéraux ont été conclus, dont un méga-contrat de deux milliards d'euros pour la construction d'un complexe de production d'engrais agricoles destiné à rendre l'Ethiopie auto-suffisante en la matière à l'horizon 2025.
 
A Madagascar fin novembre, 22 conventions ont été annoncées, dont un ambitieux projet de «valorisation» du canal naturel de Pangalane, qui s'étend sur 700 km le long de la côte Est de Madagascar.  Autre chantier emblématique: la réhabilitation en cours de la baie de Cocody à  Abidjan, un chantier de plus de 150 millions d'euros. Début décembre, le Maroc et le Nigeria ont jeté les bases d'un méga projet d'extension d'un gazoduc traversant l'Afrique de l'Ouest pour acheminer du gaz vers le Maroc, puis l'Europe.
 
Jusqu'en 2016, Rabat ciblait essentiellement les pays francophones d'Afrique de l'ouest.  Ces derniers mois, au rythme des tournées et des discours royaux, le Maroc a élargi son action à tout le continent.

Diplomatie économique 
Le Maroc est devenu le deuxième investisseur africain sur le continent après l'Afrique du Sud. Selon un rapport du centre de réflexion marocain OCP Policy center, il a conclu avec les pays du sud du Sahara près de 500 accords de coopération depuis 2000. L'Afrique subsaharienne a représenté 62,9% des investissements directs marocains dans le monde (et à 41,6% dans le secteur bancaire).

Dans ses discours, le roi n'a de cesse d'expliquer à ses partenaires africains cette nouvelle stratégie de «coopération sud-sud», «solidaire», ou encore de «co-développement», un discours qui a trouvé sa consécration avec l’organisation de la COP22 à Marrakech.
 
Le 23 octobre, la diplomatie marocaine obtenu une petite victoire lorsque le ministre des Affaires étrangères tanzanien, Augustine Mahiga, a exprimé le soutien de son pays au retour du Maroc à l’Union africaine, estimant que «le savoir-faire du Maroc était indispensable à l’Afrique».

Avec la fin de la Libye de Mouammar Kadhafi (grand argentier de l'UA), les crises égyptiennes et tunisiennes, la perte de vitesse de l’Afrique du Sud et du Nigeria, le Maroc et le Rwanda apparaissent comme les deux réussites économiques du continent. Avec son islam ouvert et tolérant, sa réussite agricole (maîtrise de l'eau) ses énergies solaires et éoliennes, sa diplomatie active (COP22), le Maroc entend montrer la voie d'un possible décollage africain. Une montée en puissance qui gêne l'Algérie, bien sûr, mais aussi l'Afrique du Sud qui se voit comme le leader naturel du continent africain.

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