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Maroc-Algérie: «Le droit de la Kabylie à l’autodétermination» enflamme le web

Côté marocain, les commentateurs saluent une déclaration courageuse. En Algérie, c’est plutôt l’indignation qui prévaut après les propos tenus par deux diplomates marocains, membres de la mission permanente du royaume aux Nations Unies. Ils ont fermement défendu à New York, «les droits légitimes du peuple kabyle à l’auto-détermination», provoquant un tollé sur la toile.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des drapeaux kabyles lors d'une manifestation en avril 2002 dans le village d'Agouni Arouss en Algérie. (AFP/HOCINE ZAOURAR )

Les sites d’informations des deux pays se sont aussitôt saisis du sujet. Le site marocain Sahara News raconte que l’incident s’est produit en marge de la célébration du 70ème anniversaire  des Nations Unies.
 Il explique que c’est le représentant de l’Algérie qui a ouvert les hostilités en évoquant «le droit à l’auto-détermination du peuple Saharaoui». Et le n° 2 de la mission permanente du Maroc, Abderrazzak Laassel, aussitôt de monter au créneau :
 
«Il est regrettable d’entendre certains s’élever pour demander l’application de tel ou tel droit, alors qu’ils privent leurs propres populations de ces mêmes droits… Les aspirations légitimes du peuple autochtone de la Kabylie sont bafouées au 21ème siècle, ses droits humains sont violés au quotidien. Ce peuple de 8 millions de personnes doit lui aussi jouir de son droit à l’autonomie et à la reconnaissance de son identité culturelle et linguistique», a soutenu le diplomate marocain.
 
La déléguée algérienne à l’ONU a dénoncé «une tentative de diversion de Rabat qui ne saurait nous détourner du véritable problème, celui de
l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental».
 

Le site marocain Sahara News évoque un tournant entre le Maroc et l'Algérie (Capture d'écran du site Sahara News (DR))

Maroc-Algérie, le tournant, s’exclame la Nouvelle Tribune.
Le journal marocain en ligne, la Nouvelle Tribune, s’en prend à l’Algérie, accusée de s’employer à construire une fiction, celle «d’un peuple Saharaoui», dans l’objectif  d’y implanter «un micro-Etat à sa dévotion». Le Royaume a décidé de rendre coup pour coup, selon le vieil adage biblique : œil pour œil, dent pour dent, écrit le journal.
 
Le site d’information marocain Médias 24 accuse aussi l’Algérie de provocation. Citant l’agence officielle marocaine MAP, il reprend la déclaration d’un autre membre de la délégation marocaine à New York, Omar Rabi qui a appelé, lui aussi la communauté internationale «à  faire émerger les voix de plus de huit millions de kabyles trop longtemps maintenues dans le silence et dans l’invisibilité. C’est ainsi que s’effondrera le mur de l’intolérance à leur égard et du déni de leurs aspirations légitimes », a conclu le diplomate marocain.
 
Contrairement à l’agence marocaine MAP, les médias officiels algériens ont évité de commenter cette question très sensible en Algérie.
Mais l’incident de New York a été commenté sur des sites algériens d’information.  

Pour le site algérien d'information ChoufChouf, la Kabylie et les kabyles se retrouvent otages d'un petit jeu diplomatique qui ne fait pas progresser leur cause. (Capture d'écran du site ChoufChouf (DR))

Un peuple pris en otage, regrette ChoufChouf
Pour le site ChoufChouf, la prise de position marocaine sur la Kabylie constitue une véritable provocation pour Alger : «évidemment, ces propos s’inscrivent dans une stratégie diplomatique contre l’Algérie, eu égard à son soutien au peuple Saharaoui. Certains diplomates marocains considèrent comme opportun de faire la même chose dans l’autre sens, en soutenant le droit des kabyles à l’autodétermination… en espérant déstabiliser l’Algérie. Et de conclure que «la Kabylie et les kabyles se retrouvent ainsi otages d’un petit jeu diplomatique qui, sur le fond, ne fait pas progresser leur cause».
 
Le site marocain Abiladi  évoque l’hypothèse d’une rupture totale entre Rabat et Alger et s’interroge : «les autorités marocaines oseront-elles franchir le cap et reconnaître le gouvernement provisoire kabyle en exil, lancé le 1er Juin 2010 à Paris ? Les prochains mois devraient répondre à ces questions, annonce le site.
 

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