Maroc : des manuels scolaires sans sexisme ni violence pour un islam tolérant
Un père et son fils assis devant la télévision pendant que la mère et la fille préparent le repas dans la cuisine. Cette image sexiste qui a longtemps illustré un manuel arabe de primaire n’existera plus à la rentrée de septembre 2016. Près de 400 livres datant du début des années 2000 sont revus et corrigés pour éliminer les discriminations. Il s’agit notamment de se conformer à la Constitution de 2011 qui prône l’égalité des sexes et la tolérance.
L’alerte des associations des droits de l’Homme
Bien avant ce vaste chantier, une première alerte avait été lancée il y a de nombreuses années déjà par les organisations des droits de l’homme choquées par les contenus sexistes, comme le précise l'enquête menée par l’Economiste. La femme était souvent montrée comme un être sensible qui n’est utile que pour le foyer et l’éducation des enfants. Ces associations sont revenues à la charge en juin 2015. Elles s’insurgeaient contre le texte d’un manuel d’éducation islamique qui avait fait passer les militants des droits de l’Homme pour des défenseurs de comportements «déviants».
Les clichés ont la peau dure
Mais les clichés sexistes et autres aberrations avaient bien résisté aux critiques. Plusieurs réformes sont passées et rien n’a changé. Dans de nombreux manuels scolaires, seuls les hommes vont au boulot et les femmes restent aux fourneaux. Si ces images ressemblent parfois à la réalité, elles sont loin de représenter toute la société marocaine actuelle. Autre exemple : les petites filles sont systématiquement voilées dans un manuel d’éducation islamique et là non plus, l’image n’est pas tout à fait représentative.
Le discours du roi
Il faut attendre les instructions du roi pour que les lignes bougent. En février 2016, Mohammed VI appelle à la révision des programmes et demande de mettre l’accent sur «l’éducation aux valeurs de l’islam tolérant (…) qui prônent le juste milieu la modération, la tolérance et la cohabitation avec les différentes cultures et civilisations». Le concept d’un «islam du milieu» avait été promu par le Souverain dans la Déclaration de Marrakech, lors d’un Congrès consacré aux droits des minorités religieuses dans les pays musulmans.
L’éducation islamique dans le viseur
Et dans le grand nettoyage des manuels scolaires, les livres religieux sont particulièrement concernés. «Ils sont envahis par les références et les exemples d’intolérance et d’incitation au racisme et à la haine, sous un habillage religieux», explique au HuffPost Maroc Fettah Bennani, président de l’association de promotion des libertés individuelles Bayt al-Hikma.
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