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Maroc : indignation aprĂšs l’arrestation d’une journaliste pour "relations sexuelles hors mariage" et "avortement illĂ©gal"

Une partie de la presse marocaine crie au complot politique.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Un Marocain lit le journal "Akhbar Al Youm", le 12 novembre 2014 Ă  Rabat. (FADEL SENNA / AFP)

Hajar Raissouni, jeune journaliste de 28 ans du quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum (lien en arabe), connue pour son activisme en faveur du Hirak rifain, aurait été interpellée par la police dans un cabinet de gynécologie de la capitale, "en flagrant délit avec son fiancé, un gynécologue, un anesthésiste et une infirmiÚre", selon ChoufTV (lien en arabe) cité par Huffington Maghreb. La journaliste est suspectée de "relations sexuelles illégales ayant entraßné une grossesse et un avortement illégal". Elle a été présentée devant un tribunal.

"Le cas de Hajar Raissouni dĂ©passe le simple fait divers. Les ingrĂ©dients d'une machination aux relents politiques sont manifestement rĂ©unis, tant dans les circonstances de son arrestation que par son pedigree qui la dĂ©signe comme cible potentielle", s’indigne Le Desk, qui Ă©voque une machination politico-mĂ©diatique.

Aucune preuve

"Madame Hajar est venue chez moi dans un Ă©tat critique. Elle souffrait d'une hĂ©morragie interne et j’étais obligĂ© d’intervenir mais il ne s’agissait pas d’un avortement", se dĂ©fend le gynĂ©cologue.

La journaliste, qui devait se marier ces jours-ci avec un universitaire d’origine soudanaise, rĂ©fute catĂ©goriquement la version officielle. "Je suis une femme mariĂ©e et nous avons rĂ©citĂ© la Fatiha (mariage religieux, NDLR) au domicile de ma famille. Nous nous prĂ©parions Ă  acter notre union. Nous avons aussi dĂ©posĂ© notre dossier auprĂšs de l'ambassade soudanaise, puisqu'il s'agit d’un mariage mixte, et je n'ai subi aucun avortement", affirme Hajar Raissouni.

Vie privée et corps des femmes

"Je pense que la rĂ©gression que nous constatons sur certains droits, Ă  travers des dĂ©clarations publiques ou des polĂ©miques inutiles qui enflent, notamment Ă  travers le dossier de Hajar Raissouni, est symptomatique d’un non-respect gĂ©nĂ©ral de la vie privĂ©e et des libertĂ©s individuelles de chacun", s’insurge la militante fĂ©ministe Souad Ettaoussi, contactĂ©e par Yabiladi.

Les libertĂ©s individuelles sont une ligne rouge qui ne peut ĂȘtre franchie Ă  des fins politiques ou autres

Souad Ettaoussi, militante féministe

Ă  Ya Biladi

"Arrestation politique"

Une partie de la presse marocaine met en doute la version officielle (lien en arabe)."Hajar Raissouni est la figure montante d'un journal connu pour ses liens avec certains milieux islamistes, notamment en cheville avec l’aile rĂ©fractaire du Parti de la justice et du dĂ©veloppement (PJD)", note Le Desk. Son fondateur, Taoufik Bouachrine, a Ă©tĂ© lui-mĂȘme condamnĂ© Ă  12 ans de prison dans une sombre affaire de mƓurs, rappelle le site.

L'interruption volontaire de grossesse (IVG) est passible de six mois à cinq ans de prison au Maroc : le code pénal sanctionne aussi bien celle qui avorte (de six mois à deux ans de prison) que ceux qui pratiquent l'acte (de un à cinq ans de prison). Les relations sexuelles hors mariage sont sanctionnées par un mois à un an de prison.

Les interpellĂ©s resteront emprisonnĂ©s jusqu’à la seconde audience qui aura lieu le 9 septembre prochain.

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