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Reportage "Contents d’être en vie", des sinistrés du séisme au Maroc campent autour d’un hôpital militaire monté sur un parking

Le bilan des morts s'alourdit, celui des blessés aussi, avec leurs blessures physiques mais aussi psychiques. Illustration à Asni, au sud de Marrakech, où les forces armées royales dispensent des soins médicaux et chirurgicaux sous des tentes.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un hôpital miliaire a été dressé à Asni, une zone enclavée au sud de Marrakech, pour accueillir les rescapés du séisme du 8 septembre 2023. (SANDRINE ETOA ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Déployé sur un immense parking avec, autour, des campements de personnes sinistrées, l'hôpital miliaire d'Asni est un carré paisible au milieu du chaos. Héberger les milliers de sans-abris, soigner les vivants et reconstruire... Toutes les forces restent mobilisées au Maroc après le séisme du 8 septembre.

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Pédiatrie, traumatologie, ORL, ophtalmologie, psychiatrie, chaque tente correspond à une spécialité il y a même un bloc opératoire et une pharmacie. Dans le service médecine de la femme, une vieille dame se redresse dans son lit et fait d'abord signe qu'elle ne peut pas parler, "parce qu’elle est choquée", nous traduit un homme. "Elle s'appelle Fatma". Cet homme s’appelle Mubarak. Il est venu rendre visite à sa propre mère qui regarde dans le vide depuis son lit installé au fond de la tente.

"Elle dit qu’au moment du tremblement de terre, un mur s’est effondré sur son pied". Il soulève le drap et le pied gonflé rosacé et violet apparaît. Fatma grimace de douleur et se met à raconter. Mubarak transmet qu’elle est "contente d’être en vie". La femme explique qu’il y a eu 10 morts dans son village et que l’école est tombée.

Une population traumatisée

Sa mère à lui a une fracture au dos. Âgée de 96 ans, elle est tombée du deuxième étage. "Avec mon fils", explique Mubarak. Son fils, 21 ans, fait depuis, des cauchemars incessants. "Hier, j’ai bien dormi parce que je sais qu’ils vont prendre soin de maman ici", poursuit-il. Mais quand on l’interroge sur sa santé, il répond : "De l’extérieur, tu te dis ‘un homme très content’ mais à l’intérieur, c’est explosé". 

Chaque tente de l'hôpital militaire dressé à Asni correspond à une spécialité médicale. (SANDRINE ETOA ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Indemne à l'extérieur, cassé à l'intérieur, Mubarak sait qu'il peut aller s'asseoir deux tentes plus loin au service psychiatrie devant lequel une femme d'une quarantaine, les yeux hagards, s'accroche comme une enfant traumatisée à sa mère. "Heureusement que l’hôpital militaire s’est installé ici", soupire Mubarak, une pensée que partagent les habitants des zones rurales. "C’est ça qui nous donne la force."

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