Mali: pourquoi la Mauritanie joue la prudence
L’armée ripostera à toute attaque, a indiqué le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Cet ancien général putschiste, élu en 2009, avait notamment ordonné des raids contre des bases d'Aqmi au Mali en 2010 et 2011.
Dans un discours, lors du sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), le 7 février 2013, Mohamed Ould Abdel Aziz a apporté un net soutien à l'intervention militaire française et africaine au Mali. «Sans cette intervention», qui a mis fin à une «occupation illégale, les extrémistes auraient conquis tout le territoire malien, mettant dangereusement en péril la sécurité et la stabilité de plusieurs pays de la sous-région», a affirmé le chef d'Etat mauritanien.
«Une telle intervention militaire constitue la première initiative d'envergure, prise par la communauté internationale, en vue de mettre fin à plus d'une décennie de prises d'otages, de violences aveugles, de culture de la haine, au sein d'une population dont les différentes composantes ont cohabité depuis plus d'un millénaire, dans une symbiose exemplaire», avait-il ajouté.
La Mauritanie a renforcé sa présence militaire à sa frontière avec le Mali, pour empêcher les islamistes de s'infiltrer ou venir s'y réfugier. Le président mauritanien a néanmoins exclu de participer à la force africaine en cours de déploiement pour prendre le relais des troupes françaises au Mali.
Sa position a quelque peu évolué depuis sa rencontre avec son homologue français, François Hollande, le 15 janvier 2013 à Abu Dhabi. Mohamed Ould Abdel Aziz s’est finalement dit prêt à aider le Mali si ce dernier lui en fait la demande.
Mais la Mauritanie reste pour le moins prudente à s’engager dans une guerre qui, pense-t-elle, pourrait fédérer les populations au nord du Mali contre ceux qu’elles pourraient considérer comme des envahisseurs.
De plus, l'opinion publique mauritanienne est majoritairement réfractaire à un tel engagement. L'opposition s'y est déclarée hostile et les islamistes mauritaniens, tels les partis Tawassoul ou Hatem, ont quant à eux condamné toute ingérence de la Mauritanie dans la guerre au Mali.
En réaction, une dizaine d'organisations de défense des droits de l'Homme en Mauritanie ont dénoncé, fin janvier, des «discours développés ces derniers temps dans certaines mosquées en Mauritanie et par quelques partis politiques» appelant les Mauritaniens à constituer «des groupes d'autodéfense dans leurs quartiers et villages pour contrer les extrémistes».
Ces mêmes organisations invitent les Mauritaniens à pratiquer toutes les disciplines artistiques et culturelles ─ poésie, chant, danse, folklore, habillement traditionnel ─ comme antidotes et réponses aux interdits que veulent imposer les salafistes et groupes armés islamistes.
Coopération franco-mauritanienne
Face à la menace d'Aqmi, la France et la Mauritanie ont renforcé leurs liens dans le secteur de la défense. Un partenariat qui passe par la fourniture d'équipements.
«il est clair que la coopération de défense entre nos deux pays, qui est ancienne, c'est renforcée depuis que Mohamed Ould Abdel Aziz est au pouvoir», confirme Hervé Besancenot, ambassadeur de France en Mauritanie.
Aujourd'hui, un détachement militaire opérationnel (Damo) poursuit ses actions de formation auprès de l'armée mauritanienne dans le camp d'Atar, au centre ouest du pays.
Réfugiés maliens
Avec la guerre, le nombre de réfugés maliens n'a cessé de croître en Mauritanie. Selon le politologue et analyste mauritanien Mohamed Ould El Kory, la Mauritanie a déjà accueilli près de 110.000 réfugiés maliens regroupés dans le camp de M'Béré situé à 10 km de la ville de Bassikounou, dans le sud du pays.
Des milliers de Maliens fuyant les zones de guerre se sont réfugiés notamment dans les régions frontalières de Fassala et de Bassikounou en Mauritanie.
Des missions du gouvernement mauritanien, de celui du Mali et du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations-Unies se trouvent sur place dans le camp de M'Béré, où sont reçus et enregistrés les réfugiés maliens.
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