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Namibie: première Gay Pride à Windhoek

Un rassemblement de 150 personnes qui revendiquent le droit à une meilleure protection légale pour les LGBT de Namibie: la scène est inédite dans la capitale de ce pays d'Afrique australe. Des marches contre la discrimination des gays et des lesbiennes ont déjà été organisées dans d'autres villes, l'homosexualité étant toujours pénalisée, malgré une certaine tolérance de la part des habitants.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Namibie: première Gay Pride à Windhoek, le 29 juillet 2017. (Hildegard Titus / AFP)

C'est au cris de «Tous unis» que les manifestants, encadrés par la police, ont parcouru l'avenue principale de Windhoek, agitant des drapeaux aux couleurs de l'arc-en-ciel. Parmi eux, Friedel Dausab, directeur de l'organisation LGBTI, Out-Right Namibia«Notre demande n'est pas le mariage. Notre demande c'est que les couples qui vivent ensemble puissent bénéficier d'une certaine protection légale», a-t-il déclaré. 

La question la question des droits des homosexuels est sensible en Namibie, pays de 2,1 millions d'habitants faisant partie des quatre Etats les plus tolérants d'Afrique vis-à-vis des gays. Avec 55% d'opinions positives, la Namibie arrive toutefois en dernière position, derrière le Mozambique (56%), l'Afrique du Sud (69%) et le Cap Vert (74%), selon une étude d'Afrobaromètre publiée en mars 2016. Ailleurs en Afrique, cette tolérance est proche de zéro, l'homosexualité restant sévèrement réprimée par des lois. C'est le cas en Ouganda, au Niger ou au Burkina Faso.

En Namibie, la Constitution condamne toute discrimination fondée sur le sexe, la race, la couleur de peau, l'origine ethnique, la religion ou le statut social ou économique. La loi de 1927 interdisant la sodomie n'est plus appliquée depuis l’indépendance du pays en 1990. Néanmoins, dans les années qui ont suivi, les plus hauts dirigeants namibiens ne se sont pas privés pour tenir un discours discriminant vis-à-vis des homosexuels.

En 1996, le président de l'époque Sam Nujom déclarait notamment que «les homosexuels doivent être condamnés et rejetés dans notre société». Puis, cinq ans plus tard, il récidivait: «La police a l'ordre de vous arrêter, vous déporter et vous emprisonner». En 2000, c'était au tour du ministre Jerry Ekandjo d'affirmer que la police devait «éliminer» les homosexuels «de la face de la Namibie».


Mais pour Wendelinus Hamutenya, l'homosexuel le plus connu de son pays, «l'Afrique avance». C'est ce qu'il déclarait en 2011, alors âgé de 25 ans, après avoir remporté le premier concours de beauté «Mister Gay Namibie» à Johannesburg. Deux semaines après sa victoire (le 26 novembre 2011), il est passé à tabac par deux hommes et transporté à l'hôpital, aidé par des voisins. La plainte qu'il a déposée sera déclarée «perdue» par le commissariat.


Cette agression avait été condamnée par Out-Right Namibia. Sa directrice Linda Baumann insistait alors sur le fait que de nombreux homosexuels dans le pays doivent encore se marier avec une femme pour se plier aux conventions, tandis que les lesbiennes sont régulièrement victimes de viols de la part d'hommes qui cherchent à les «guérir».

Des marches contre la discrimination des gays et lesbiennes ont déjà été organisées dans d'autres villes de Namibie, mais c'est la première fois qu'un tel rassemblement se déroulait dans la capitale.

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