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Mali: la France propose à l’ONU le déploiement d’une force africaine au Sahel
Pour empêcher la constitution d’un sanctuaire djihadiste dans la bande sahélienne, la France demande à l’ONU d’appuyer le déploiement d’une force ouest-africaine dans cette vaste région désertique du continent. Un projet de résolution qui pourrait être voté la semaine prochaine à New York. Dans l’intervalle, l’Union européenne s’est engagée à verser 50 millions d’euros à cette force sahélienne.
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Face à la difficulté rencontrée par les soldats français à rétablir la sécurité dans la vaste région désertique du Sahel, Paris appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à la rescousse.
Une force qui agirait dans le respect des lois internationales en coordination avec l'ONU et la France
Pour réduire l’activité des groupes djihadistes liés à al-Qaïda et à l’Etat islamique, mais aussi pour combattre les trafics de toutes sortes – cigarettes, drogues, voitures et même êtres humains –, la diplomatie française demande à l’ONU d’appuyer le déploiement d’une force ouest-africaine dans la bande sahélienne.
«Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser la région du Sahel devenir un sanctuaire pour les terroristes du monde entier», a déclaré l’ambassadeur français aux Nations Unies, François Delattre.
Le projet de résolution présenté par Paris, s’il était adopté par les 15 membres du Conseil de sécurité, autoriserait cette force ouest-africaine à employer «tous les moyens nécessaires» pour rétablir la paix et la sécurité dans cette région. Dans le respect des lois internationales et en coordination avec les casques bleus de l’ONU et les soldats français, précise encore la résolution.
Selon cette résolution, la force africaine aurait également pour mission de contribuer au rétablissement de l’autorité des Etats dans les régions périphériques, au retour des réfugiés et des populations déplacées ainsi qu’à la distribution d’aide humanitaire.
«Il serait irresponsable de la part du Conseil de ne pas se ranger derrière cette initiative régionale visant à combattre le terrorisme à travers les frontières au moment où la menace n’a jamais été aussi élevée», a également plaidé le diplomate français, en prévision du vote qui devrait intervenir la semaine prochaine.
L'engagement financier de l'Union Européenne
Destinée à devenir le gros des troupes engagées au Sahel, entre les 4.000 soldats français de l’opération Barkhane et les 6.000 casques bleus de la Minusma, cette force a déjà reçu l’engagement financier de l’Union européenne.
Depuis Bamako, où se tenait le 5 juin 2017 la réunion annuelle entre la représentante de l’UE et les chefs de la diplomatie des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), Fédérica Mogherini a annoncé une aide de 50 millions d’euros pour la création de cette force conjointe.
«Ce sera une contribution qui va vite arriver et qui, j’espère, montrera la bonne direction aux autres partenaires du G5 Sahel. L’Union Européenne est fière d’être la première à soutenir ce projet parce que nous croyons fermement que, dans les faits, il s’agit d’un investissement dans notre propre sécurité», a expliqué la cheffe de la diplomatie européenne
Avec le chiffre annoncé de 10.000 soldats, les effectifs de cette force ont déjà doublé grâce à cette annonce. En mars 2017, les chefs d’état-major du G5 Sahel avaient en effet approuvé un plan prévoyant quelque 5.000 militaires, policiers et civils, dont sept bataillons de 650 hommes chacun.
Auparavant, le Niger, le Mali et le Burkina Faso avait décidé de créer à leurs frontières communes une force de sécurisation du Liptako-Gourma, une zone à cheval sur les trois pays, qui n’a pas encore été mise sur pied. Elle devrait être intégrée à la future force sahélienne.
Une force nécessaire face à des attaques qui ne cessent de s'étendre
«Une nécessité», pour le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, tant les missions de cette force armée sont multiples et étendues.
Des zones entières continuent d’échapper aux forces maliennes, françaises et onusiennes, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature d’un accord de paix en mai-juin 2015, censé isoler définitivement les djihadistes.
Depuis cette date, les attaques n’ont cessé de s'étendre au centre et au sud du pays, débordant souvent sur les pays voisins comme le Burkina Faso et le Niger.
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