Les réfugiés nigérians au Cameroun sous la menace d'un retour au pays
Deux mouvements contraires secouent les populations du nord-est nigérian. Fuyant les attaques de Boko Haram, elles se réfugient au Tchad ou au Cameroun voisins. Mais le Cameroun, selon le HCR, expulserait plusieurs milliers de réfugiés vers l’Etat de Borno au Nigeria.
Précisément, ils seraient 276 réfugiés, en date du 16 janvier 2019, à avoir été expulsés vers l'Etat de Borno au Nigeria. On ne sait guère pourquoi le Cameroun met fin à une politique traditionnelle d’accueil. A l’heure actuelle, 370 000 réfugiés sont présent dans ce pays, dont 100 000 originaires du Nigeria. Sont-ils devenus trop nombreux aux yeux de Yaoundé ? Est-ce l’arrivée récente de 9 000 Nigérians fuyant les combats qui justifie ce changement radical de politique ?
Car la ville frontalière de Rann dans l’Etat de Borno a subi une attaque le 28 janvier 2019. Celle-ci a fait au moins 60 morts, selon Amnesty International qui a réalisé une enquête de terrain dans la région. "L’attaque sur Rann est la plus meurtrière commise par Boko Haram", a déclaré Osai Ojigho, le directeur d’Amnesty au Nigeria.
Le lendemain, "toute la population semble paniquée et a pris la fuite pour tenter d'échapper à la mort", selon les propos du porte-parole du HCR à Genève, Babar Baloch. Ainsi 30 000 personnes sont arrivées au Cameroun. Et donc 9 000 pour le seul camp de Goura.
Une panique qui peut s’expliquer par le fait que ces personnes étaient déjà réfugiées dans la ville de Rann, fuyant Boko Haram. EIles étaient 70 000 à s’entasser dans un camp de toile qui a été incendié, selon Amnesty qui a étudié des images satellites.
Situation hors de contrôle
Voilà donc la situation locale dans l’Etat de Borno absolument hors de contrôle. Et ce sont des milliers de réfugiés que le Cameroun voudrait y renvoyer. "Cette action complètement inattendue met en danger la vie de milliers de réfugiés", a déclaré Filippo Grandi, le Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. L'ONG Action contre la Faim estime de son côté qu""au moins 10.000 personnes seraient retournées dans l'État de Borno". L'ONG rappelle que les conditions ne sont pas réunies pour permettre le retour en toute sécurité des réfugiés dans la ville de Rann.
Beaucoup d'incertitudes entourent la situation dans la région. Selon Amnesty, se rendre dans la région est trop dangereux. Quant aux autorités, mises en cause pour leur inefficacité, elles restent bien silencieuses.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.