Psychose au Nigeria : croyant à une kamikaze, la foule lynche une femme
Cette femme qui avait des problèmes mentaux a refusé de se prêter à un contrôle de sécurité à l'entrée d'un marché. La foule a pensé qu'elle était une kamikaze de Boko Haram.
La tragédie qui s'est nouée à Bauchi, dans le nord-est du Nigeria, révèle l'état de psychose dans lequel vivent les populations soumises aux attaques de Boko Haram. Une femme ayant des problèmes mentaux a été lynchée à mort par une foule en pleine rue qui l'a prise pour une kamikaze de l'organisation terroriste. Il n'en était rien, a indiqué la police, mercredi 4 mars.
Des femmes kamikazes
Boko Haram a de plus en plus souvent recours, depuis quelques mois, à des femmes, voire à de très jeunes filles, pour mener des attentats-suicides contre des cibles où il est facile de commettre un carnage, telles que des gares routières ou des marchés.
Mais selon un porte-parole de la police de l'Etat de Bauchi, la victime de dimanche n'était pas une kamikaze. "Toutes nos enquêtes prouvent que cette femme était atteinte d'une maladie mentale et qu'elle n'avait aucune intention de commettre un attentat-suicide, a-t-il déclaré. En tant qu'agents des forces de l'ordre, nous n'avons pas l'intention de laisser les gens faire justice eux-mêmes. (...) Nous poursuivons notre enquête et, dès que nous aurons arrêté les auteurs de cet acte, ils feront l'objet de poursuites judiciaires."
"Elle devenait folle"
La victime, qui s'appelait Thabita Haruna et était âgée de 33 ans selon les informations transmises par sa mère, a été battue à mort puis brûlée après avoir refusé de se prêter à un contrôle de sécurité à l'entrée d'un marché. Selon sa mère, elle avait travaillé comme vendeuse avant de commencer à souffrir d'une maladie mentale et de séjourner plusieurs fois en hôpital psychiatrique entre 2007 et 2013. "Elle avait encore des crises par moments. Elle devenait folle et cassait des choses. Elle rassemblait des objets de la maison et elle y mettait le feu", a raconté sa mère. Ensuite, "elle redevenait calme et normale et elle aidait pour les tâches domestiques".
"Elle a quitté la maison samedi sans dire où elle se rendait. On l'a cherchée dans tout le quartier mais on ne l'a pas trouvée, jusqu'au lendemain", a relaté sa mère. "Elle s'est retrouvée dans le [marché de] Muda Lawal, où elle a été lynchée, humiliée et brûlée à mort. Avant qu'elle ne soit tuée, ils l'ont fouillée et ils ont trouvé sur elle la carte d'identité de sa sœur Alheri", a poursuivi la maman. C'est ainsi que la famille a pu être prévenue.
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