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Les mafias italiennes et nigériane s'allient sur le marché de la prostitution

La mafia nigériane a pris pied dans le sud de l'Italie aux côtés de la mafia sicilienne avec qui elle coopère. On connaissait l’exploitation des Albanaises et des Roumaines qui travaillent dans les champs de tomates pour un euro par jour, moins les marchés de la prostitution et de la drogue, sous-traités aux Nigérians, sous le contrôle étroit de Cosa Nostra.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Alliance des mafias nigériane et sicilienne pour le contrôle de la prostitution africaine.

Les Nigérians s’acclimatent plutôt bien au climat sicilien. Ils ont même leur propre mafia, la Black axe, une société secrète née dans les universités nigérianes et exportée en Italie. Une organisation bien structurée, aux liens internationaux tissés avec les diasporas en Europe et aux Etats Unis.
 
Les dizaines de milliers d’immigrés africains arrivés sur les côtes siciliennes ces dernières années ne prennent pas tous le train pour Rome ou Paris. Certains s’installent à Palerme ou Catane, où ils semblent en apparence s’intégrer. On peut les voir les soirs d'été partager les mêmes places de village que les Siciliens (même si chacun reste de son côté).

Black Axe: la hache noire 
En 2015, les Nigérians étaient la première communauté de demandeurs d’asile en Italie avec 83.870 demandes, selon les statistiques du ministère italien de l’Intérieur.

La justice italienne s’inquiète d’un rapprochement entre les organisations criminelles nigérianes et Cosa Nostra. La Black axe fait l’objet d’une enquête de la justice italienne. Comme les autres groupes mafieux, la Black axe est organisée en une structure pyramidale qui utilise l’intimidation et la violence pour s’implanter.
  
Le 18 novembre 2016, 23 Nigérians soupçonnés d’appartenir à l'organisation mafieuse ont été arrêtés par la direction anti-mafia de Palerme. ils sont soupçonnés d'avoir fait entrer illégalement de jeunes Africaines et de les avoir forcées à se prostituer. Parmi eux se trouvait, selon la police italienne, celui qui se fait appeler le Ministre de la Défense chargé de la sécurité de l'organisation, Kenneth Osahon Aghaku.
 
Les Nigérians sont les petites mains de la mafia italienne pour le marché de l’héroïne et de la prostitution. «La drogue est vendue avec l’accord de Cosa Nostra. Celle-ci, fournit la drogue et supervise les trafics. Les deux groupes cohabitent et les Africains respectent la loi du silence quand ils sont arrêtés…», explique le procureur adjoint du tribunal de Palerme, Leonardo Agueci. 

La prostitution est la principale activité illicite des Nigérians. Plusieurs milliers de jeunes Nigérianes, les plus nombreuses devant les Roumaines, feraient le trottoir à Palerme, Catane, Naples et même dans les campagnes italiennes. Les prostituées viennent généralement de l’Etat d’Edo dans le sud du Nigeria, plaque tournante de la prostitution nigériane depuis des décennies.

Les filles sont achetées à des familles pauvres, à qui on fait miroiter des études en Europe. La logistique de leur acheminement, via la Libye, est organisée par des correspondants de la Black axe dans les différents pays de transit. Une fois sur le sol italien, elles sont séquestrées et brutalisées. Elles sont menacées de mort (ou leurs proches restés au pays) si jamais la filière était dénoncée. Leurs papiers sont confisqués.

Nouvelle activité illicite
Traditionnellement, la mafia italienne ne touche pas à la prostitution. Les Nigérians lui permettent d’en encaisser les gains sans avoir à s’impliquer. La prostitution nigériane génère beaucoup d’argent, les mafias italiennes ne pouvaient rester en dehors de «ce marché».
 
Pour ne pas se laisser déborder, la mafia a établi des règles: pas d’armes à feu dans les mains des Nigérians, qui assoient leur autorité à la machette et à la hache (Black axe, signifie hache noire).
 
«Les Nigérians sont tolérés tant qu’il ne sortent pas de leur périmètre», explique le procureur adjoint du tribunal de Palerme, Leonardo Agueci, dans la presse sicilienne. «Mais cette relation ne peut être que verticale: jamais la mafia n’autoriserait une autre organisation à travailler d’égal à égal», affirme Leonardo Agueci.

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