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Les voisins du Nigeria en guerre contre les insurgés de Boko Haram

Trois pays voisins du Nigeria: le Tchad, le Cameroun et le Niger sont entrés officiellement en guerre contre Boko Haram. D'autres pourraient les rejoindre bientôt. Dans la région, plus personne ne reste indifférent face à l'insurrection des islamistes nigérians. En six ans, leurs attaques sanglantes ont fait plus de 13.000 morts et plus de 1,5 million de déplacés.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Soldats tchadiens près de la ville de Gambou en territoire nigérian, le 1er février 2015. (Photo AFP )

 
Avec des effectifs évalués à 80.000 hommes, appuyés par des forces paramilitaires et une aviation de combat, l’armée nigériane est considérée comme l’une des plus puissantes d’Afrique. Pourtant, elle n’a pas pu mettre fin à l’insurrection de Boko Haram qui ravage le nord du pays depuis six ans. Bien au contraire, le groupe islamique menace désormais toute la région du Sahel jusqu’au Cameroun, en Afrique centrale. Confronté aux attaques sanglantes dans son extrême-Nord frontalier avec le Nigeria, le Cameroun réclamait depuis plusieurs mois un soutien international.

Aussi, plusieurs pays, menacés à leur tour, ont décidé d’entrer en guerre contre les islamistes nigérians.
 

Manifestations contre les attaques de Boko Haram à Niamey, au Niger, le 17 février 2015. (Photo AFP)
Le 17 janvier 2015, un impressionnant convoi de 400 véhicules militaires tchadiens et des hélicoptères de combat pénètrent au Cameroun. Le président tchadien, qui accompagne ses troupes jusqu’à la frontière, appelle les pays de la région à former une «large coalition».

Il est rapidement rejoint par le Niger, l’autre voisin du Nigeria. Niamey dispose d’une armée moins nombreuse mais déjà expérimentée dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel. Le 6 février, Boko Haram mène ses premières attaques meurtrières dans le sud-est nigérien, provoquant la colère du président Mahamadou Issouffou. «Le Niger sera le tombeau de Boko Haram, on n’attaque pas le Niger impunément», menace le président Mahamadou Issouffou.

Depuis, l’Assemblée nationale a donné son feu vert à l’armée pour affronter les insurgés de Boko Haram.
Le village de Nougboua au Nigeria attaqué par les insurgés de Boko Haram, le 13 février 2015. (Photo AFP)

Quatre armées africaines, celles du Nigeria, du Cameroun, du Tchad et du Niger sont désormais en pointe dans la lutte contre Boko Haram, mais les pays de la région veulent aller plus loin. Ils se sont engagés, le 7 février 2015 dans la capitale camerounaise, à mobiliser 8.700 hommes dans une force multinationale pour enrayer l’insurrection islamiste nigériane.

Le Nigeria et le Tchad devraient fournir les plus gros contingents : autour de 3000 soldats chacun, selon les experts. Le Cameroun et le Niger fourniront 750 soldats chacun. Le Bénin devrait aussi y contribuer.
 
La capitale tchadienne a été choisie pour abriter le quartier général de la force. Sa zone opérationnelle s’étendra sur les pays du lac Tchad: le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Niger.

Sur le terrain, les forces africaines pourront compter sur les renseignements fournis par la France et les Etats-Unis. Mais la question des financements nécessaires aux opérations militaires n’a pas été totalement résolue. En attendant le soutien des partenaires financiers internationaux, les dix pays membres de la communauté économique des pays de l’Afrique centrale se sont engagés à apporter une «aide d’urgence» de 75 millions d’euros.

Cette force devrait être opérationnelle dès le mois de mars 2015 quand elle aura obtenu l’approbation de l’Union africaine et un mandat du conseil de sécurité de l’ONU.

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