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Ouganda: après 30 ans au pouvoir, Yoweri Museveni brigue un 5e mandat
Il s’est emparé du pouvoir par les armes en 1986 et ne l’a plus jamais quitté. Pour la cinquième fois, Yoweri Museveni sollicite les suffrages des Ougandais. Il affirme qu’il ne peut pas abandonner la bananeraie qu’il a plantée il y a 30 ans et qui commence à donner des fruits.
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De nombreux jeunes Ougandais sont nés sous son règne. Il leur promet de préserver la paix et de leur offrir des emplois. A ses adversaires qui évoquent son incapacité physique, il affirme être en excellente santé «à l’exception de quelques crises de paludisme, toux ou légères réactions allergiques nasales».
Face à Museveni, deux anciens frères d’armes
L’opposant Kizza Besigye, 59 ans, est une ancienne figure du parti au pouvoir. Il avait juré qu’il ne se présenterait plus après avoir échoué à trois reprises face à Yoweri Museveni (2001, 2006 et 2011).
En clôturant sa campagne électorale, il a assuré qu’il pouvait mettre un terme aux 30 années de pouvoir du président Museveni. «Cette élection ne peut pas être libre et équitable, mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas la gagner», a-t-il déclaré, ajoutant que si l’élection s’avère truquée «nous continuerons à nous battre pour la démocratie».
Ancien médecin personnel de Yoweri Museveni, Kizza Besigye a occupé plusieurs postes importants au sein du régime, avant de rompre en 1999 et d’incarner l’opposition au chef de l’Etat. Il ne compte plus les heures de garde à vue, les multiples arrestations. Ses partisans sont régulièrement pourchassés dans les rues de Kampala, dispersés à coups de gaz lacrymogènes et arrêtés.
Face au président Museveni, un autre ex-allié, son ancien Premier ministre Amama Mbabazi. Il fut longtemps un fidèle, avant de tomber en disgrâce en 2014 alors qu’il faisait campagne contre l’investiture du chef de l’Etat à la présidentielle de 2016.
Dans la campagne électorale qui s’achève, le candidat Amama Mbabazi a introduit le thème de l’homophobie. Une première en Ouganda : «Je m’oppose à l’homophobie», a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision ougandaise NBS.
Il précise toutefois qu’il préfère un mariage entre un homme et une femme, mais qu’il ne devrait pas y avoir de «discriminations envers les homosexuels». Une prise de position qui risque de lui valoir des ennemis dans ce pays où l’homosexualité n’a pas bonne presse.
La tâche s’avère difficile pour ces deux anciennes figures du parti au pouvoir. Les deux opposants peinent à convaincre et à critiquer un système qu’ils ont contribué à mettre en place et dont ils ont bénéficié pendant de longues années.
De quoi conforter le président Yoweri Museveni, donné favori de ce scrutin. « Ce serait une énormité de confier le pouvoir à ces menteurs qui ne font que parler», a déclaré le président Museveni, cité par le quotidien ougandais Daily Monitor. A 71 ans, il sait qu'il peut compter sur le savoir-faire électoral de son parti, le tout puissant Mouvement de résistance nationale, et sur des ressources financières sans commune mesure avec celles de ses opposants. Il n’a aucune envie de partir à la retraite et l’a répété tout au long de sa campagne.
«Ce vieil homme qui a sauvé le pays, comment voulez-vous qu’il parte? Comment pourrais-je quitter une bananeraie que j’ai plantée et qui commence à donner ses fruits?», a-t-il martelé.
Critiqué pour les violations récurrentes des droits de l’Homme et la corruption endémique qui gangrène son pays, le chef de l’Etat ougandais a su s’attirer la bienveillance de la communauté internationale pour avoir su lutter contre la pandémie du VIH-SIDA et développé l’économie de son pays.
Il dispose d’une armée disciplinée et s’est imposé au fil des ans comme un acteur régional incontournable.
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