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Affaire Audin: les médias algériens réagissent aux déclarations de Macron

«La vérité… en Marche!», «Jusqu’où ira Macron»… La presse algérienne commentait le 14 septembre 2018 les déclarations du président français reconnaissant la responsabilité de la France dans la mort du militant communiste Maurice Audin. Il est vrai qu’à Alger, on n’avait pas oublié les propos du candidat Macron lorsqu’il avait qualifié la présence française en Algérie de «crime contre l’humanité».
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron à côté de Michèle Audin, fille de Maurice Audin, alors qu'il quitte la maison de Josette Audin, veuve Audin, le 13 septembre 2018. (Thomas SAMSON / AFP)

Pour El Watan, «la France reconnaît enfin sa responsabilité dans l’assassinat de Maurice Audin, mathématicien et militant indépendantiste algérien». Le quotidien francophone souligne que le président français s’est rendu personnellement au domicile de la veuve et des enfants Audin et a mis en cause «un système dont les gouvernements successifs ont permis le développement: le système appelé "arrestation-détention" à l’époque même, qui autorise les forces de l’ordre à arrêter, détenir et interroger tout "suspect" dans l’objectif d’une lutte plus efficace contre l’adversaire Ce système s’est institué sur un fondement légal: les pouvoirs spéciaux.»
 
Dans le journal, Samir Ghezlaoui note que l’association Maurice Audin a célébré dans un communiqué un «acte essentiel», tout en s’engageant à poursuivre son combat pour que tous ceux, Français et Algériens, qui furent comme Audin «torturés et assassinés, soient identifiés et reconnus et que leurs corps puissent être retrouvés».
 
Dans un pays où la presse écrite ne paraît pas le vendredi, plusieurs médias ont cependant évoqué la déclaration du président français.

TSA élargit le débat en se demandant «jusqu’où ira Macron» sur la question de la mémoire. Le site rappelle que le candidat Macron avait, lors de sa visite à Alger en tant que candidat, qualifié la présence française en Algérie de «crime contre l’humanité», de «vraie barbarie». «Le texte rendu public est sans équivoques. Reconnaître qu’un système de torture avait été mis en place équivaut à une reconnaissance officielle de la responsabilité de l’Etat français dans le sort de tous les militants nationalistes morts sous l’horrible pratique, et ceux et celles qui lui ont survécu, comme Louisette Ighilahriz, Djamila Bouhired, Henri Alleg… C’est un précédent et surtout une autre étape de franchie», souligne l’auteur de l’article, Makhlouf Mehenni.
 
Autre média en ligne, Algerie-focus donne l’information mais choisit de mettre aussi en avant la réaction de Marine Le Pen écrivant: «Fidèle au cynisme et aux déclarations grossières dont se fondent les Le Pen, père et fille, elle écrit que le militant de la cause nationale fut un homme qui a soutenu le terrorisme!» Et de citer le tweet de Marine Le Pen qui a écrit: «Maurice Audin a caché des terroristes du FLN qui ont commis des attentats.»

Du côté des historiens algériens, on note aussi l’importance du geste du président français. «C'est un grand jour», assure Amar Mohand Amer, historien et chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, grande ville de l'Ouest algérien. Cette reconnaissance «renvoie à un des nombreux traumatismes de la colonisation, (...) la torture et les disparitions de milliers de militants de la cause nationale (algérienne) qu'ils soient musulmans, juifs, chrétiens ou autre», explique-t-il à l'AFP.

Capture écran du quotidien El Khabar (El Khabar)
Pour Madjid Merdaci, historien algérien et professeur à l'Université de Constantine (400 km à l'est d'Alger), aussi interrogé par l'AFP, «le président la République reconnaît que l'armée française a commis un crime». «C'est un pas significatif. Cette reconnaissance a une portée symbolique pour la France et pour l'Algérie et elle appelle d'autres reconnaissances.»

Ce thème d'une avancée par étapes du président Macron est très présent dans les réactions algériennes. «Historique mais insuffisant», note ainsi le quotidien arabophone El Khabar qui a préféré mettre en avant un éditorial du Washington Post pour qui la décision d’Emmanuel Macron est «historique mais loin d’être suffisante».

«Reste maintenant à savoir quelle sera la prochaine "audace" d’Emmanuel Macron et surtout jusqu’où ira-t-il dans son entreprise de crever l’abcès avec l’Histoire», conclut TSA.

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