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Afrique du Sud : un pays meurtri après plus d’une semaine de violences et de pillages

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié Mis à jour
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Les émeutes en pays zoulou et à Johannesburg ont occasionné d’immenses dégâts matériels et des centaines de morts.

Suite à la condamnation et l’emprisonnement en juillet de l’ancien président sud-africain Jacob Zuma pour outrage à la justice, le pays sombre dans une violence destructrice et meurtrière. Deux régions sont principalement touchées, le KwaZulu-Natal et Johannesburg. Avec des milliards d’euros de dégâts et 337 morts, le bilan est très lourd. Le 22 juillet, une autorisation de sortie exceptionnelle a été accordée au prisonnier pour assister aux funérailles de son frère.

10 photos illustrent ce propos.

En 2018, soupçonné d’être impliqué dans de nombreuses affaires de corruption, le président sud-africain Jacob Zuma est obligé de démissionner de ses fonctions. Une commission d'enquête est ouverte. En février 2021, la cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, ordonne à Zuma de comparaître devant les tribunaux pour répondre de seize chefs d’accusation. Multipliant les recours et plaidant non coupable, l'ancien président refuse encore une fois de comparaître. Mais en juin 2021, il est finalement condamné pour outrage à la justice et condamné à quinze mois de prison ferme. Au terme de cet interminable feuilleton judiciaire, le 8 juillet, il se constitue prisonnier. Mais dès le lendemain de son incarcération, des échauffourées éclatent principalement à Durban dans la région du KwaZulu-Natal dont Zuma est originaire. (AFP)
Au fil des jours, sur fond de chômage endémique et de restrictions anti-Covid 19, les incidents se multiplient. La violence s’accentue d’abord dans le township d’Alexandra puis s’étend rapidement aux grandes villes dont Johannesburg, la capitale économique du pays. Les magasins sont pillés et très nombreuses entreprises saccagées.
 (RAJESH JANTILAL /AFP)
Plusieurs responsables du gouvernement affirment alors que ces violences sont pilotées par les partisans de Zuma. "Sous prétexte d'un grief politique, les auteurs de ces actes ont cherché à provoquer une insurrection populaire", accuse Cyril Ramaphosa, l’actuel président sud-africain.



 (MARCO LONGARI / AFP)
Entrepôts, usines et centres commerciaux sont pris d'assaut. Des bâtiments sont entièrement brûlés. L’étendue des destructions est considérable. L'industrie manufacturière, l’un des piliers de l'économie de Durban, a été pratiquement détruite.
 
 (AFP)
Des milliers de soldats sont envoyés sur le terrain pour soutenir les policiers en sous-effectifs. Des raids baptisés "opérations récupération" sont organisés, comme à Alexandra, l’un des townships les plus miséreux du pays, où tout ce qui semble neuf et sans preuve d'achat est automatiquement confisqué.
 (PHIL MAGAKOE / AFP)
Dans la seule région du KwaZulu-Natal, près 40 000 commerces ont été pillés, incendiés ou vandalisés. Plus de 160 centres commerciaux ont subi de "graves dommages". 1 400 distributeurs de billets ont été vandalisés, ainsi que 300 banques ou bureaux de poste. Et 90 pharmacies ont été détruites, "sans reconstruction possible", alors que le pays subit une nouvelle vague de Covid-19.    (EMMANUEL CROSET / AFP)
Mais au-delà des destructions matérielles, les émeutes ont fait 337 morts. Une partie des morts sont dus à des bousculades, à des chutes d'objets et à l'incendie de bâtiments. Des cadavres de personnes piégées dans les incendies ou écrasées par la chute de stocks ont été retrouvés dans des usines, racontent des policiers à l'AFP. 168 enquêtes pour meurtre ont été ouvertes.     (PHIL MAGAKOE / AFP)
La police soupçonne douze personnes d'être les investigateurs de ces manifestations.Six d’entre-elles ont été arrêtées, dont Ngizwe Mchunu, un ancien présentateur de la radio publique devenu aujourd’hui guérisseur traditionnel et fervent partisan de Zuma. Quatre des six suspects arrêtés ont déjà comparu devant un tribunal, parmi lesquels un membre du petit parti d'opposition Patriotic Alliance, Bruce Nimmerhoudt, accusé d'avoir incité à la violence par une note vocale diffusée via WhatsApp.

 (PHIL MAGAKOE / AFP)
La violence retombée, des distributions de nourriture sont organisées dans certains quartiers de Durban car outre les craintes de pénuries et la tentation des habitants de faire des stocks, certains racontent avoir du mal à trouver notamment du pain. "Il n'y a quasiment aucun secteur économique qui ait été épargné par les violences", a déclaré le président Cyril Ramaphosa lors d'une rencontre avec des responsables économiques.    (MARCO LONGARI)
Les deux principales régions frappées par les violences représentent la moitié du PIB du pays. La facture totale des destructions pourrait s'élever à 50 milliards de rands, soit près de 3,4 milliards d'euros, selon le cabinet de conseil Intellidex. Les dégâts matériels dans la seule province du KwaZulu-Natal sont estimés à environ 1,2 milliard d'euros, selon le gouvernement. Après les violences, le procès de l'ancien président Jacob Zuma a repris sous forme virtuelle pour éviter d'attiser les tensions et de provoquer de nouvelles émeutes.    (IHSAAN HAFFEJEE / ANADOLU AGENCY VIA AFP)

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