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Algérie: le chef d’état-major Gaïd Salah rejette une offre politique islamiste

Alors que le président algérien Abdelazziz Bouteflika s’achemine vers une candidature pour un cinquième mandat, les manœuvres électorales vont bon train à l’approche du scrutin prévu pour avril 2019. Dernière en date, le rejet par le chef d’état major, Gaïd Salah, d’une proposition de «transition politique» d’Abderrazak Mokri, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP-islamiste).
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le chef du parti islamiste algérien, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), proche de la mouvance des Frères musulmans, dans son bureau à Alger le 12 janvier 2017. (STRINGER/AFP)

A moins d’un imprévu politique ou médical et malgré quelques oppositions, il semble désormais acquis que le président Abdelazziz Bouteflika sera candidat pour un cinquième mandat à l’élection présidentielle d’avril 2019.

Le dirigeant islamiste Mokri opposé à un cinquième mandat de Bouteflika 
Cela n’empêche toutefois pas les manœuvres électorales des prétendants à la succession dans le pays tels qu’Abderrazak Mokri, président de du Mouvement de la société pour la paix (MSP).
 
Le chef de la principale formation islamiste algérienne, qui a annoncé en mai 2018 sa candidature, a fait récemment une proposition au puissant général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’Armée nationale populaire.
 
Après de multiples contacts avec de hauts responsables au sein de l’armée, y compris lors de son hospitalisation à la suite d’un accident de voiture, le dirigeant islamiste a appelé le général Salah à parrainer une «transition politique» de cinq ans pour parvenir à un consensus national.
 
Opposé à un cinquième mandat pour le président sortant, le chef de file de la mouvance des Frères musulmans a explicité son idée dans un entretien accordé à l’agence de presse allemande DPA.
 
«Nous avons lancé une initiative pour un consensus national devant regrouper pouvoir, opposition, institutions, syndicats et société civile. Aussi l’institution militaire doit-elle avoir un rôle. En fait, tout le monde doit y participer pour sauver l’Algérie en ayant à l’esprit la conjoncture socio-économique difficile que nous traversons», a-t-il déclaré.

Refus de mêler l'armée aux enchevêtrements des partis et des politiques
Une proposition à laquelle le chef d’état-major a répondu par la négative. L’institution militaire «connaît ses limites, voire le cadre de ses missions constitutionnelles, qui ne peut en aucun cas être mêlée aux enchevêtrements des parties et des politiques, ou être immiscée dans des conflits qui ne la concernent ni de près ni de loin», a-t-il assuré le 26 juillet 2018, lors d’une cérémonie en l’honneur des meilleurs cadets de l’armée au ministère de la Défense.
 
«Il n’est autre tuteur pour l’Armée nationale populaire, digne héritière de l’Armée de libération nationale, que les orientations de Son Excellence, le moudjahid, Monsieur le président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale», a-t-il ajouté se rangeant sans appel derrière le président Bouteflika.
 
Une semaine auparavant, le secrétaire général du FLN, le parti au pouvoir en Algérie, avait lui aussi, selon Jeune Afrique, refusé d’envisager une telle transition sous l’égide de l’armée. Djamel Ould Abbès avait même qualifié la proposition de Mokri de «tentative de dresser l’armée contre le président de la république».
 
Dans ce qui ressemble fort à un affrontement à fleurets mouchetés, le dirigeant islamiste a, selon le site Algériepatriotique, tenté de retourner à son avantage la déclaration du chef d’état major de l’ANP.

Le dirigeant islamiste met la balle dans le camp du FLN 
Bien que s’agissant d’un désaveu, Abderrazak Mokri a répondu le jour même en annonçant son soutien à la déclaration de Gaïd Salah ainsi qu’à «son esprit». Pour lui, elle est porteuse «d’une valeur éthique qui va dans le sens de l’intérêt national».
 
Espérant que l’attitude du général Gaïd Salah constituerait «une rupture définitive avec les pratiques des anciennes époques où l’intervention de l’institution militaire était claire et connue de tous», il en a profité pour rendre un hommage vibrant à «l'armée de tous les algériens» et renvoyer la balle dans le camp du FLN.
 
Pour lui, c’est le FLN et son patron, Djamel Ould Abbès, dont la réaction ne semble pas «être du goût du haut commandement militaire, qui sont visés par les propos du chef d’état-major», estime Algériepatriotique.

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