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Au Mali, les Touaregs règlent leurs comptes entre eux
La ministre française des Armées, Florence Parly, a fait sa tournée des popotes de la force Barkhane, entre Tchad, Niger et Mali, dimanche 30 et lundi 31 juillet 2017. Une façon de réaffirmer «le soutien de la France à la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel». La région a bien besoin de cette force militaire. Plus que jamais, la confusion est totale au Mali.
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Touaregs contre Touaregs, tribus contre tribus. D’un côté, un clan favorable au pouvoir de Bamako, le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et leurs alliés (Gatia). De l’autre, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), les anciens rebelles. Depuis 2012, les deux mouvements ne cessent de faire parler la poudre. Depuis le 26 juillet 2017, les combats sont intenses entre frères ennemis. Tout a commencé, raconte Jeune Afrique, à Takalotte, bourgade au sud de Kidal. Là, le CMA défait ce qu’il dit être un regroupement des forces du Gatia, en route pour prendre Kidal.
Pas moins d’une vingtaine d’hommes sont tués, et cinquante faits prisonniers par la CMA. Le reste des troupes est mis en déroute. Cette fuite conduit les Touaregs du Gatia à Ménaka, une ville de 20.000 habitants située à l’extrême est du pays, à 300 km environ de Gao, près de la frontière avec le Niger. Ils en seront délogés sans que le moindre coup de feu ne soit tiré.
Rapport de force
Les deux groupes touaregs rivaux se livrent une lutte sans pitié. Ils ont pourtant signé tous les deux l’accord de paix de 2015. Ils veulent également participer, disent-ils, à la sécurisation du pays. Drôle de manière de s’y prendre ! Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir rompu la trêve, soit par ambition territoriale, soit pour rejeter le pouvoir de Bamako.
Ainsi, rapporte l’AFP, aux yeux d’un responsables de la CMA, il n’y a pas «violation du cessez-le-feu» puisque, selon lui, le Gatia n'avait «rien à faire à Ménaka». Selon Jeune Afrique, l’attaque du CMA serait une riposte aux exactions du Gatia sur certains villages.
La faiblesse de Bamako
Evidemment, le clivage entre pro et anti-Bamako ne fait qu’attiser les tensions. Le pouvoir malien (tout comme la Minusma ou Barkhane), a besoin du soutien des Touaregs pour assoir son autorité. Tout repose sur le fameux MOC (Mécanisme opérationnel de coordination) et ses patrouilles communes composées de troupes régulières, de milices arabes et de Touaregs. Le MOC a du mal à se mettre en place, tant à cause de l’attitude de certains éléments qu'en raison du scepticisme, voire de l’inquiétude de la population.
Or la mise en déroute des hommes du Gatia est un coup dur pour le pouvoir central. «Nous sommes pour le processus de paix, nous reconnaissons l’intégrité territoriale du Mali, et nous ne réclamons pas d’autonomie», déclarait un représentant de la milice le jour de sa création en 2014, rapporte RFI.
Alliance interchangeable ?
La paix avec les Touaregs permet de sécuriser à moindre frais la bande sahélo-saharienne. En effet, la force conjointe du G5 Sahel devrait compter 5000 hommes et coûter 423 millions d’Euro. Or tout cela tarde à se concrétiser, tant pour les hommes que pour les moyens. Contrôler Kidal, Gao ou Ménaka, avec l’aide assurée des Touaregs, c’est autant d’économie. A Bamako, les soutiens du Gatia crient au renversement d’alliance au bénéfice de la CMA. Un billard à deux bandes que dément la Minusma.
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