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Cameroun: une présidentielle sous haute tension malgré l'optimisme du pouvoir

«La démocratie camerounaise est vivante et crédible», s’est félicité le pouvoir après le scrutin présidentiel qui s’est tenu le 7 octobre 2018. Pour les observateurs, la situation est moins nette puisque, selon eux, le vote a été marqué dans l’ouest anglophone par une énorme abstention et des violences. Les résultats ne devraient pas être connus avant une semaine.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Des ouvriers préparent le tapis rouge qui doit accueillir un électeur pas comme les autres au bureau de vote. En effet, le candidat et président sortant Paul Biya se voit dérouler un tapis rouge pour aller voter avec son épouse dans le quartier de Bastos à Yaoundé. (ALEXIS HUGUET / AFP)

«Après la fermeture des bureaux de vote, les informations concordantes en ma possession indiquent que les opérations électorales se sont globalement déroulées sur l’ensemble du territoire national dans le calme, la sérénité et la transparence. En dehors de quelques incidents mineurs à l’instar de ceux enregistrés a Makenene et à Baham, Région de l’Ouest, où un sympathisant d’un parti politique d’opposition a été trouvé en possession de bulletins de vote d’un autre candidat, j’insiste sur le fait que l’élection présidentielle s’est déroulée sans perturbation majeure dans les 360 arrondissements du Cameroun et dans les 24.988 bureaux de vote», a indiqué le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, au soir du scrutin présidentiel du dimanche 7 octobre.

Cet optimisme officiel n'est pas partagé par tous les observateurs. Selon Hans de Marie Heungoup, chercheur à l'International Crisis Group, «quasiment tous les retours nous parvenant situent le taux de participation en deça de 5%» dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, où plus de 300.000 personnes ont dû fuir leur domicile. «Cette très faible participation exprime en même temps la rupture symbolique entre une partie des populations anglophones et la Republique du Cameroun», souligne-t-il.


Il semble que dans les régions francophones le scrutin s'est déroulé dans le calme. Les réseaux sociaux ont participé au suivi du scrutin.

Face à sept candidats, M.Biya, qui brigue son septième mandat, est favori du scrutin, malgré la guerre qui s'est installée fin 2017 au Cameroun anglophone, après plus d'un an de crise socio-politique qui a lentement dégénéré en conflit armé. Des centaines de séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, combattent désormais violemment et quotidiennement l'armée camerounaise.

Plus de 175 membres des forces de défense et de sécurité camerounaises ont été tués dans ce conflit en zone anglophone, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Aucun bilan n'est disponible du côté séparatiste.Dans la région de l'Extrême-Nord, l'armée est également déployée pour combattre les djihadistes de Boko Haram qui lancent des assauts répétés depuis 2014 sur les populations camerounaises.
 
La diffusion de tendances électorales est interdite au Cameroun et les résultats ne sont pas attendus avant au moins une semaine. Le Conseil constitutionnel dispose de deux semaines pour les proclamer.

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