Charles Blé Goudé, le "ministre de la rue" au service de Laurent Gbagbo
Charles Blé Goudé a été acquitté par la Cour pénale internationale le 15 janvier 2019, en même temps que l’ex-président ivoirien. Il est l’un des membres les plus controversés du clan Gbagbo.
Surnommé "général de la rue" ou "ministre de la rue" pour sa capacité de mobilisation, Charles Blé Goudé comparaissait devant la Cour pénale internationale (CPI) avec son mentor Laurent Gbagbo pour crimes contre l'humanité. Il était jugé pour les crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Des violences qui avaient fait 3 000 morts en cinq mois.
Un fidèle de la première heure
Aujourd'hui âgé de 47 ans, l'ex-chef des Jeunes patriotes a gravité une décennie durant, dans l'entourage de Laurent Gbabo. Cet ancien responsable de la Fédération estudiantine s’est illustré dès 2002 à la faveur du coup d'Etat manqué, qui a provoqué la division du pays entre un Nord tenu par les rebelles et un Sud contrôlé par le régime Gbagbo. Avec un groupe d’amis, il crée alors "la galaxie patriotique" pour défendre le président contre les "traîtres", mais aussi contre le "néo-colonialisme".
Un orateur enflammé
Outre les rebelles du nord, Charles Blé Goudé s’en prend à la France et à l’ONU. Réputé pour ses discours et ses formules choc, il est le fer de lance des violentes manifestations antifrançaises de 2003 et 2004 dans les rues d’Abidjan. "Si tu es en train de manger, laisse tout tomber, la Côte d'Ivoire n'est pas un département français", lance alors Blé Goudé dans un climat d’extrême tension entre la France et la Côte d’Ivoire. En 2006, il est sanctionné par l’ONU, dont il qualifie les Casques bleus déployés dans le pays de "forces d'occupation".
Ministre de la Jeunesse
En 2010, Laurent Gbagbo, qui refuse de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à la présidentielle, le nomme ministre de la Jeunesse. Le tribun troque ses casquettes et sa tenue décontractée contre un costume cravate. Il est en première ligne durant la crise électorale et continue de mobiliser ses partisans contre le camp de son ennemi juré, Alassane Ouattara. Ses détracteurs et les ONG internationales le considèrent comme l’un de ceux qui ont le plus contribué aux violences post-électorales.
L’arrestation au Ghana
A la chute de Laurent Gbabo en avril 2011, après cinq mois de violences qui ont fait plus de 3 000 morts, il s'enfuit au Ghana voisin. Un an plus tard, il est arrêté, puis transféré à la CPI, où il rejoint Laurent Gbagbo. Des voix s’élèvent pour le défendre. "Je connais l'homme. Je sais qu'il n'a commis aucun crime contre l'humanité. Il n'a jamais pris d'armes. Il a juste donné un certain nombre de consignes en tant que communicateur", souligne un responsable du FPI, le parti pro-Gbagbo cité par l'AFP.
Mais Charles Blé Goudé est, sans surprise, fortement contesté, voire détesté par le camp adverse. "Il n'a fait que prôner la haine", rétorque un porte-parole du RDR, le parti du président Ouattara qui l'accuse d'avoir "franchi le Rubicon" en "incitant à la révolte, à la haine, à l'assassinat".
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