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Egypte : le président Sissi tente de prendre la main dans les crises en Libye et au Soudan

Réunis sous la houlette du président égyptien pour un double sommet au Caire, plusieurs dirigeants africains ont demandé "l’arrêt immédiat" des combats en Libye et appelé à une transition "pacifique et démocratique" au Soudan dans les trois mois.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Photo distribuée par la présidence égyptienne montrant le président Abdel Fattah al-Sissi (C) accueillant les dirigeants africains au Caire pour des pourparlers au sommet sur les bouleversements au Soudan et en Libye. (HANDOUT / EGYPTIAN PRESIDENCY)

Auréolé de sa victoire au référendum de réforme constitutionnelle et président en exercice de l’Union africaine (UA), le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a réuni le 23 avril 2019 au Caire plusieurs dirigeants africains autour de la situation dans deux Etats du continent : la Libye et le Soudan.

"Arrêt immédiat et inconditionnel des combats" en Libye

Sur la Libye, le but de la rencontre était de trouver "les moyens d'endiguer la crise et de relancer le processus politique" alors que des combats violents opposent depuis le 4 avril 2019 les forces loyales au Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, aux troupes du maréchal Khalifa Haftar aux portes de Tripoli.

Aux côtés du président Sissi, les présidents du Rwanda, Paul Kagame, et d'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, membres de la "troïka" sur la Libye, ainsi que celui du Congo, Denis Sassou-Nguesso, chef de la commission sur la Libye à l'UA, ont demandé "l’arrêt immédiat et inconditionnel" des combats en Libye.

Les quatre dirigeants africains ont également appelé "toutes les parties à la retenue" et à permettre "l'arrivée de l'aide humanitaire dans toutes les régions", selon le communiqué publié par la présidence égyptienne.

"La réunion d'aujourd'hui répond à notre responsabilité commune de soutenir la stabilité et l'unité de la Libye, ainsi que son intégrité territoriale", avait déclaré le président Sissi lors de la rencontre, à laquelle assistait également le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki.

Le pays doit être "protégé des dangers du terrorisme et des interventions étrangères permanentes au cours des dernières années", avait ajouté le président égyptien confirmant implicitement son soutien à l'homme fort de l'Est libyen dont l’assaut sur Tripoli a pour but officiel d’en chasser les terroristes. Le maréchal Khalifa Haftar avait même été reçu par le président Sissi le 14 avril au Caire, dix jours après l’offensive sur la capitale libyenne.

"Une transition pacifique et démocratique" au Soudan

Auparavant dans la journée, en présence des chefs d’Etats ci-dessus mentionnés augmentée des présidents tchadien, Idriss Deby, djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, et somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, ainsi que de hauts responsables de l’Ethiopie, du Soudan du Sud, d’Ouganda, du Nigeria et du Kenya, un autre sommet était consacré à la crise soudanaise.

Ils ont appelé à une "transition pacifique et démocratique" d'ici trois mois dans ce pays, laissant ainsi un délai plus long que les 15 jours accordés précédemment par l'Union africaine aux militaires pour céder le pouvoir. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA avait d’ailleurs menacé, dès le 15 avril, de suspendre Khartoum si l'armée ne quittait pas le pouvoir d'ici 15 jours au profit d'une "autorité politique civile".

Une injonction qui ne peut que satisfaire les Etats-Unis qui ont apporté leur soutien aux manifestants soudanais. "Nous soutenons la demande légitime du peuple du Soudan qui réclame un gouvernement dirigé par des civils", a déclaré Makila James, responsable du département d'Etat chargée de l'Afrique de l'Est, en visite à Khartoum.

"Nous sommes ici pour encourager les parties à œuvrer ensemble afin de faire avancer ce projet au plus tôt", a indiqué à l'AFP la responsable américaine, qui a notamment rencontré le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane.

Ces appels africains à la Libye et au Soudan sur initiative du président Sissi illustrent les inquiétudes de l’Egypte face aux crises qui agitent ses deux grands voisins, et la menace de contagion que ces crises constituent pour le continent. Reste à voir quelles conséquences ils auront sur le terrain.

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