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Egypte : Donald Trump satisfait du "très bon travail" du président Sissi

Ignorant les alertes de Human Rights Watch et d’Amnesty international sur les pratiques liberticides du pouvoir égyptien, le président des Etats-Unis a décerné un satisfecit général au président Abdel Fattah al-Sissi, "un partenaire important pour la sécurité", selon le chef de la diplomatie américaine.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président américain Donald Trump accueille le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington DC, le 9 avril 2019. (MANDEL NGAN / AFP)

C’est la deuxième fois sous la magistrature de Donald Trump que le président égyptien a droit aux honneurs de la Maison Blanche alors qu’il n’avait jamais été invité par son prédécesseur, Barack Obama.

Les relations entre Washington et le Caire "n'ont jamais été aussi bonnes"

Salué par un tweet du président américain, l’homme fort du Caire a reçu l’approbation de l’administration américaine pour son action, en dépit de multiples mises en garde sur la réforme constitutionnelle qu’il a engagée et qui lui permettrait de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.

Interrogé dans le bureau ovale sur la question, Donald Trump a répondu : "Je pense qu’il fait un très bon travail." "Les relations entre l’Egypte et les Etats-Unis n’ont jamais été aussi bonnes", a-t-il ajouté sans jamais mentionner la question des droits de l’Homme.

Avant la rencontre, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait exhorté les Etats-Unis à ne pas donner leur feu vert à ce projet de réforme constitutionnelle "qui accorde à l'armée des pouvoirs très abusifs et institutionnalise davantage l'autoritarisme". De son côté, Amnesty International a appelé les alliés de l'Egypte, en particulier les Etats-Unis, à ne pas "rester silencieux" face à ce projet.

Pressé de questions par plusieurs sénateurs, lors d'une audition parlementaire, sur l'accueil bienveillant fait au président égyptien malgré les violations des droits humains dans son pays, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a estimé que les Egyptiens avaient été "sans aucun doute un partenaire important pour la sécurité", notamment en luttant contre "les menaces terroristes au Sinaï".

"Pour cela, je suis profondément reconnaissant au président Sissi. Il a aussi été remarquable en ce qui concerne la liberté religieuse", a-t-il même ajouté, s'attirant de nombreuses critiques de sénateurs démocrates.

Contre les soulèvements en Algérie et au Soudan et pour Haftar en Libye

Ce blanc-seing de l’administration américaine à l’homme fort du Caire intervient en tout cas en plein regain de la contestation sur le continent africain. Dès les premiers jours, Abdel Fattah al-Sissi a dénoncé, sans les nommer, les soulèvements au Soudan et en Algérie, estimant qu’ils menaient ces pays à leur perte.

Tombeur en 2003 du président Mohamed Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans, Abdel Fattah al-Sissi soutient également l’homme fort de l’est libyen qui se pose en champion de la lutte contre les milices islamistes. Soutenu par les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, le maréchal Khalifa Haftar a même lancé le 4 avril 2019 l’assaut sur Tripoli, aux mains de Fayez al-Sarraj, le chef du gouvernement d’union nationale installé par l’ONU, pour éradiquer les milices islamistes de la capitale.

Un objectif qui ne peut qu’avoir la bénédiction de Washington, du Caire et de ses alliés du Golfe.

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